C'est un nouveau dispositif encore méconnu : transition collective permet à un employeur qui sait son entreprise en difficulté d'inscrire ses salariés dans un parcours de reconversion. En Limousin, une association y a déjà eu recours mais il pourrait bénéficier à toutes les entreprises en difficultés suite au Covid.
Armé d'un chalumeau Cyril Frugier entreprend de braser, c'est-à-dire à souder les tuyaux de cuivre. Devant son atelier, il reçoit les conseils d'un formateur à peine plus vieux que lui. Le tuyau chauffé à blanc rougeoie, prêt à recevoir le métal en fusion qui va assurer l'étanchéité. A 40 ans, Cyril est de retour sur les bancs de l’école. Au CFA du bâtiment de Tulle il apprend ce métier d’installateur sanitaire. Un changement de vie radical pour cet éducateur sportif.
"Il faut savoir qu'on ne sait rien au départ quand on démarre. On a 20 ans de métier mais un métier totalement différent. Il faut tout réapprendre. On repart de zéro. Tout ce qu'on a appris, on l'oublie".
Jusqu’à présent Cyril travaillait au sein du comité de pelote basque de Brive. Il entraînait notamment les scolaires et les membres du club. L'armoire vitrée dans le hall est garnie de plusieurs étages de coupes. "Quand Cyril est arrivé il y a 20 ans, cette vitrine était vide, grâce à lui nous l'avons remplie" explique Philippe Maumet, président du comité départemental de pelote basque.
Mais l’association n’a plus les moyens de payer Cyril. Son poste va être supprimé.
"Le poste de Cyril était financé par la région depuis 15 ans. Avec la fusion des régions on savait que les financements pour ces emplois associatifs n'allaient pas être reconduits" explique Philippe Maumet. L'échéance a été repoussée plusieurs fois mais la couperet est là, les financements pour les emplois associatifs n'existent plus.
La pandémie est venue se greffer sur cette situation et a achevé les finances de l’association. Les adhésions ont baissé. Et les événements qui rapportaient un peu d'argent ont dû être annulés.
Pour éviter de devoir licencier Cyril, le comité a fait appel à une transition collective. A son initiative, un employeur qui sait son entreprise en difficulté peut y avoir recours.
"Ça permet à l'entreprise de souffler financièrement puisque les salariés partent en formation. Il y a une prise en charge à 100% de leur salaires et du coût de la formation" explique Valérie Toulouse, référente pour les transitions collectives en Nouvelle Aquitaine.
Ce dispositif a été lancé en 2021 dans le cadre du plan France Relance. Il est pris en charge par l'Etat. L'idée sous-jacente est évidemment d'orienter les salariés dans des secteurs plus porteurs (BTP, artisanat).
En alternance entre le CFA et plusieurs entreprises, Cyril est quasi assuré de retrouver un emploi et peut envisager un peu plus sereinement son avenir.
En Nouvelle-Aquitaine, une dizaine d’entreprises ont déjà bénéficié de ce dispositif. Dans un avenir proche, il pourrait profiter à toutes celles qui auraient notamment du mal à rembourser les prêts garantis par l'Etat au moment de la pandémie. Les salariés de ces entreprises pourraient ainsi être reclassés sans passer par la case chômage.