Cet ouvrier agricole est mis en cause dans l'incendie d'un hangar où il avait travaillé en 2020. Une affaire observée de près, car elle permet d'en savoir plus sur la personnalité du principal suspect mis en examen pour le meurtre et le viol de la jeune Lotoise à Brive, en Corrèze, en octobre 2022.
Lucas Larivée est arrivé, ce mardi matin à 10 h au tribunal de Tulle, à bord d’une voiture de la surveillance pénitentiaire. Le jeune homme, silhouette fine, cheveux courts, porte un pull sombre et un jean.
Debout dans le box, le prévenu écoute calmement le récapitulatif des faits qui lui sont reprochés dans cette histoire d'incendie survenue en Corrèze le 2 août 2020, deux ans avant le meurtre de Justine Vayrac. Dans le hangar agricole qui est parti en fumée ce jour-là, les enquêteurs retrouveront les traces de deux départs d'incendie ainsi qu'une empreinte de chaussure dans la porcherie. La piste criminelle est très vite privilégiée. Dans cette petite entreprise, un père et son fils travaillent ensemble avec l'aide d'un apprenti, vers qui les soupçons se tournent rapidement : Lucas Larivée. Au moment des faits, il est âgé de 18 ans, travaille dans l'exploitation depuis un an en tant qu'apprenti, et son casier judiciaire est vierge.
Incendie volontaire ?
Lucas Larivée, aujourd'hui âgé de 22 ans, est accusé d’avoir volontairement incendié le hangar agricole de son ancien patron, le 2 août 2020 et d’avoir vidé les silos à grain. Il les aurait ensuite arrosés pour les faire pourrir.
Quelques jours avant les faits, le jeune homme, alors apprenti, avait fait l’objet de remontrances de ses patrons sur son comportement et son travail.
La présidente revient sur les sept auditions au cours desquelles le prévenu a eu l'occasion de s'expliquer : "Vous avez plusieurs fois changé votre version, quelle est-elle aujourd’hui ?"
L’homme ne se démonte pas et revient sur sa soirée : géolocalisé à proximité de l’exploitation incendiée, il s'explique : il aurait pris cette route pour éviter un contrôle de gendarmerie signalé sur l’application Waze à Aubazines, car il avait bu.
Lorsqu'on lui demande pourquoi il a modifié l’heure d’une photo prise avec une amie, pour indiquer qu'elle a été prise à l’heure de l’incendie… Était-ce pour se créer un alibi ? Le mis en cause répond calmement "non". "Ça s’appelle de la mauvaise foi", lui rétorque la procureure.
Le principal suspect dans l'affaire du meurtre de Justine Vayrac, ne semble pas intimidé par ce premier rendez-vous judiciaire. S'il est reconnu coupable dans ce procès pour incendie volontaire, il encourt dix ans de prison pour destruction de biens. Lui se déclare innocent. Une défense qui avait été décidée il y a longtemps avec son avocat.
"Qui êtes-vous Lucas Larivée?"
Si cette affaire n'a rien à voir avec la disparition et le meurtre de Justine Vayrac, pour lesquels Lucas Larivée est également mis en examen, elle pourrait permettre d'éclairer la justice sur le profil du jeune Corrézien qui ne s'est encore jamais exprimé.
"Qui êtes-vous Lucas Larivée ? Qui se cache derrière ce visage d'ange ?" La question est posée par l'avocate des parties civiles et elle anime les acteurs et observateurs de ce dossier.
Que révèle l'expertise psychologique ? Qui était vraiment ce jeune Corrézien accusé, deux ans plus tard, du meurtre et du viol de la jeune femme ? Le mis en examen a seulement reconnu avoir donné un coup de poing qui aurait causé la mort, évoquant un rapport sexuel consenti. Mais depuis, il se mure dans le silence. Et depuis, une requête en nullité a été déposée par son avocat dans les deux procès, maître Michel Labrousse.
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L'audience de ce mardi permet effectivement d'en savoir plus. Le rapport de l'expert psychiatre parle d'intolérance à la frustration, d'une impulsivité inquiétante et d'une personnalité très narcissique.
L'expert psychologue évoque de son côté un "garçon lisse" manquant d'assurance, qui dissimule ses ressentis derrière un discours conventionnel.
De son côté, maître Labrousse, avance une explication : "l'attitude qui est la sienne n'est pas une attitude commandée. Moi, j'ai toujours connu Lucas sous cet angle-là. Il n'a jamais gardé le silence dans cette affaire. Dans l'autre, pour des raisons de procédures, il a pu adopter des attitudes procédurales différentes, mais dans ce dossier-là, il est extrêmement ouvert, je dirai même détendu pour expliquer les conditions dans lesquelles il n'a pas mis le feu.
Des explications qui n'ont pas convaincu la procureure de la république qui ajoute : "s'il y a un trait saillant dans sa personnalité, c'est la propension au mensonge."
Ce mardi soir, Lucas Larivée a été condamné, par le tribunal correctionnel de Tulle, à deux ans de prison ferme pour l'incendie de ces bâtiments agricoles à Saint-Hilaire-Peyroux, près de Brive. Ce mercredi matin, il a décidé de faire appel de cette condamnation. "C'est un monsieur tout le monde ce jeune homme, il n'y a pas de trouble de comportement.", a ainsi déclaré son avocat à la suite du jugement.
La personnalité de Lucas Larivée fera l'objet de nouvelles expertises dans l'affaire "Justine Vayrac".