Lundi 29 juin, neuf chiens malinois ont été retrouvés morts dans un élevage de Montgibaud, en Corrèze. Une situation d'une rare violence, signalée par le voisinage depuis plusieurs mois.
Cette histoire dure depuis des mois. Les voisins d'un élevage de chiens malinois ont tenté à plusieurs reprises de prévenir la gendarmerie et les services vétérinaires de Corrèze pour suspicion de maltraitance.Après plusieurs signalements sans suite, les faits ont finalement été confirmés ce lundi 29 juin : un habitant du village de Montgibaud (Corrèze) a fait une découverte glaçante. Alors qu'il passait la débrouissailleuse dans son jardin, il s'est étonné du silence inhabituel chez son voisin. Curieux, il s'est approché de la clôture et a vu un chien sans vie, un autre très affaibli et pouvant à peine lever la tête.
La gendarmerie venue constater les faits a découvert 9 chiens morts dans leurs box. En raison d'un état de santé extrêmement inquiétant, un des malinois a du être euthanasié. 7 autres, dans un état famélique, ont été pris en charge par la SPA et transférés dans des équipements adaptés. Un des animaux transféré à la SPA est mort dans la nuit de lundi à mardi.Les animaux n'étaient pas bien. Ils étaient maigres, ils mangeaient de l'herbe et n'aboyaient pas normalement, ils n'arrivaient même plus à marcher.
Virginie Verlinde, docteure vétérinaire, a été appelée par la gendarmerie pour venir constater le "massacre" décrit par un voisin.
Le propriétaire de l'élevage était l'un de ses client du Dr. Parpinel, il était venu la voir pour la dernière fois en décembre 2019. La vétérinaire regrette de ne pas avoir été mise au courant de la situation de ces chiens et de l'inaction des derniers mois, "il y a un mois, on aurait pu sauver ces chiens" a-t-elle confié, très touchée par les événements.On voyait leurs os. Leur fourrure tombait. J'ai pu en mettre trois dans un même sac...
Des signalements sans résultats
De nombreux signalements avaient pourtant été faits. Le maire de Montgibaud, Alain Marsat, affirme avoir contacté dès le début de l'année les services vétérinaires de la Corrèze par mail, enregistrements audios et vidéos à l'appui. Après de nombreuses relances, les services vétérinaires auraient tenté à partir du mois de mai de prendre rendez vous avec le propriétaire de l'élevage : en vain.
Le maire de la commune et les voisins auraient également sollicité la gendarmerie de Lubersac : "Elle a assuré avoir fait plusieurs passages et n’avoir rien constaté d’anormal." nous confie par mail l'élu.
Les gendarmes sont finalement intervenus lundi 29 juin, après un appel de la mairie de Montgibaud. Le propriétaire de l'élevage, un homme d'une quarantaine d'année, a été interpellé. Son état de santé a nécessité la levée de sa garde à vue nous a précisé le médecin qui l'a examiné, sans plus de précisions. Il serait actuellement hospitalisé.
D'après Tamara Guelton, responsable juridique de la SPA, contactée par téléphone, "les équipes de la SPA envoyées sur place en urgence étaient sous le choc". Actuellement les animaux ayant survécu sont soumis à des bilans sanitaires par des équipes de la SPA. Les dix animaux morts devraient être incinérés par une compagnie d'incinération pour animaux domestiques, ce 2 juillet.
La SPA va déposer une plainte devant la gendarmerie de Lubersac pour acte de cruauté envers des animaux et sévices graves. Une enquête a déjà été ouverte par la gendarmerie de Lubersac et le parquet de Brive.
Pas de défaillance selon la gendarmerie et les services vétérinaires
De son côté, la gendarmerie de Lubersac, par la voie du capitaine Castanet, commandant adjoint de la compagnie de Brive-la-Gaillarde, affirme ne pas avoir été informée avant lundi 29 juin de ces problèmes de maltraitances.
Les militaires sont intervenus le 11 avril 2020 à l'élevage de Montgibaud pour un problème de nuisances sonores liées aux aboiements des chiens. Selon le compte-rendu de l'intervention, les gendarmes n'auraient pas remarqué de traces de maltraitance ou de malnutrition.
D'autres interventions, pour des motifs différents, ont eu lieu après cette date sur la propriété. Mais une fois encore, aucune trace de mauvais traitement n'a été relevée.
Les services vétérinaires de la Corrèze affirment quant à eux n'avoir été sollicités dans un premier temps que pour des signalements relevant de troubles du voisinage et non de maltraitance animale. En coopération avec la gendarmerie, ils ont constaté pendant le confinement "une amélioration" quant au traitement des animaux.
"Nous avons travaillé sur le sujet, mais pas forcément de manière visible" se défend Marie-Noëlle Tenaud, directrice adjointe de la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations. Elle précise que certains chiens auraient été déclarés comme vendus par le propriétaire. Lors de leurs visites, les équipes n'auraient pu voir qu'une partie de l'élevage canin.
Le parquet de Brive s'est saisi de l'affaire. Le propriétaire de l'élevage devrait être entendu lorsque son état de santé le permettra.