On vous résume l’histoire du daim noir du Charolais, dont le sort incertain a mobilisé des milliers d’internautes et des associations de protection animale.
► MISE À JOUR 18h45 : Le daim a été anesthésié ce matin du 22 novembre, et transféré vers le Loiret.
En une dizaine de jours, l’histoire de ce cervidé a fait le tour des réseaux sociaux, déclenchant la mobilisation des associations de protection animale. Récit.
Mi-octobre : “Je crois qu’on a vu un lama !”
Des chasseurs sont les premiers à apercevoir l’animal. Mi-octobre, alors qu’ils retirent la clôture d’un carré de maïs à Vendenesse-lès-Charolles, la bête saute devant eux en un éclair et prend la fuite. Sur le coup, les chasseurs ne sont pas sûrs de ce qu’ils ont vu.
Le maire de Vendenesse nous raconte : “L’un des chasseurs est venu me voir. Il m’a dit : il faut que je te dise quelque chose, mais il ne faut pas que tu te moques… Je crois qu’on a vu un lama !”
Mais quelques jours plus tard, un habitant de Vendenesse aperçoit à nouveau la bestiole et là, plus de doute : c’est un cervidé. Mais lequel ? Le JSL mène l’enquête. L’hypothèse retenue est celle d’un daim mélanique : une mutation génétique semblable à l’albinisme, mais qui rend les animaux entièrement noirs.
Fin octobre : le daim “s’inscruste” dans un troupeau de vaches
Le daim semble vadrouiller un peu dans la région… Puis finit par trouver un point de chute à la Chapelle-du-Mont-de-France, à 20 kilomètres de Vendenesse-lès-Charolles. Le 27 octobre, un éleveur de charolaises repère l’animal noir, qui détonne au milieu de la blancheur de son troupeau de vaches.
Au départ, la cohabitation est difficile : le daim se trouve au milieu de vaches allaitantes, qui le chassent dans un réflexe de protection de leurs veaux.
Le daim se tourne alors vers un autre troupeau, des génisses de deux ans. “Les deux premiers jours, il y a eu des bagarres. Il n’avait pas peur des vaches ! Il leur mettait de petits coups avec ses bois. C’était le temps d’établir la hiérarchie”, raconte l’éleveur.
Au fil des jours, le troupeau accepte l’intrus. Vaches et daim restent ensemble et cohabitent sans heurts.
12 novembre : le daim “peut être abattu” !
Mais l’éleveur doit bientôt rentrer ses bêtes pour l’hiver, et le daim risque de se retrouver esseulé. L'agriculteur contacte alors les services de l’Etat, OFB (office français de la biodiversité) et DDT (direction départementale des territoires) dans l’idée que le daim soit endormi et transféré dans un parc.
Sauf qu’après plusieurs jours sans réponse claire, l'éleveur reçoit un coup de fil de la DDT : “Ils disent qu’il peut être abattu, car le daim est une espèce chassable en France. Son sort est jeté.” Nous joignons la DDT, qui refuse de commenter ce dossier et renvoie sur la préfecture de Saône-et-Loire, laquelle ne nous répond pas dans l’immédiat. Le 12 novembre, nous publions cet article.
“C’est dommage de ne pas en profiter pour le mettre dans un endroit où il aurait sa place, alors qu’il semble exceptionnellement rare”, déplore l’éleveur, qui précise : “il n’est pas très sauvage, j’ai pu m’approcher à 10 mètres de lui”.
13 novembre : la préfecture dément
Dans les heures qui suivent la publication, de nombreuses personnes s’indignent du sort du daim : “En espérant que le bon sens de nos élus sauvera ce joli daim noir…”, “On vit dans un monde fou, il est rare, laissons le vivre”, “Une fois de plus la région prouve qu’elle est incompétente face à un problème de la nature”, s’insurgent des internautes.
Tant et si bien que dès le lendemain, la préfecture de Saône-et-Loire publie un démenti : “Contrairement à ce qui est affirmé dans cet article, aucune décision de prélèvement n'a été prise par les services de l’État."
Des solutions alternatives sont actuellement explorées par les services de l’État pour capturer le daim et le confier à un foyer.
préfecture de Saône-et-Loirele 13 novembre
Le 14 novembre, des défenseurs des animaux s’impliquent à leur tour.
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La fondation 30 Millions d'amis indique se mobiliser en urgence pour empêcher toute solution létale. Elle propose d'anesthésier l'animal par fusil hypodermique et de placer le daim au sein d'un parc agréé. "Pour l'animal, il s'agirait d'une intervention en douceur", précise la fondation. “Nous avons également proposé un placement adapté et réglementaire".
Le daim filmé par une enquêtrice bénévole de la Fondation #30millionsdamis le 14/11/2024. pic.twitter.com/idAz3jLSMj
— Fondation 30 Millions d'Amis (@30millionsdamis) November 18, 2024
20 novembre : la confirmation
Le 20 novembre, la préfecture de Saône-et-Loire publie un nouveau communiqué : “Le préfet a statué en faveur d'un transfert de l'animal qui sera assuré dans les prochains jours par une association de protection animale."
Un vétérinaire interviendra pour capturer l'animal par téléanesthésie en vue de son transfert dans un élevage du Loiret.
préfecture de Saône-et-Loirele 20 novembre
“Pour le bon déroulé de l’opération de capture et la sécurité du daim, la communication s’effectuera une fois l’animal à l’abri”, précise alors la fondation 30 Millions d’amis.
22 novembre : épilogue !
Finalement, c'est la fondation Brigitte Bardot qui s'est occupée de l'opération de sauvetage, en toute discrétion et loin des caméras. Elle annonce dans un communiqué ce 22 novembre avoir "fait intervenir ses spécialistes sur place en début de matinée".
"Après une anesthésie par fusil hypodermique, le daim a pris la route vers une pension de la Fondation Brigitte Bardot, dans le Loiret"
fondation Brigitte Bardotle 22 novembre
Le daim intégrera dans cette pension un groupe de 45 congénères, "pour la plupart sauvés par la fondation".
D’autres daims de Bourgogne placés dans le Loiret il y a deux ans
S'agit-il du même élevage qui a accueilli les daims de Saint-Brisson ? En 2022, après trois ans de bataille administrative, ce troupeau d’une vingtaine d’animaux avait été recueilli par un refuge partenaire de la fondation Brigitte Bardot.
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Les daims étaient emblématiques de la maison du Parc du Morvan, mais menacés d’abattage. Les autorités faisaient valoir que les daims n'étaient pas de race pure, dégénérés, sans suivi vétérinaire, et les clôtures n'étaient pas aux normes.