Portrait. "Je mets un peu d’absurde et d’humour dans mes grilles", raconte Gaëtan Goron, verbicruciste corrézien

Gaëtan Goron a mis de côté son métier de journaliste pour créer des mots-croisés, à temps plein. Aujourd'hui, ce verbicruciste de 33 ans fournit en grilles Philosophie Magazine et Libération. Il se confie sur son parcours et son activité atypique. 

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Mais qui se cache derrière les grilles de mots-croisés sur lesquelles il vous arrive de vous creuser la tête ? Le verbicruciste ! En d’autres termes, la personne qui créé et conçoit votre jeu. C’est le métier de Gaëtan Goron. Ce Corrézien de 33 ans, originaire du village de Pandrignes près de Tulle (Corrèze), vit désormais de cette activité qu’il exerce à temps plein pour deux médias : Libération et Philosophie magazine. Il en est d’ailleurs à sa 1 700e grille pour le quotidien national, en cinq ans. Un travail, certes, mais surtout, beaucoup de plaisir. "C’est une grande liberté. Je travaille d’où je veux quand je veux", se réjouit-il.

Gaëtan Goron ne s’était pourtant pas engagé vers cette voie professionnelle. Après des études de journalisme à Lille et une expérience de 5 ans à la radio RFI, le jeune corrézien avait réussi là, où beaucoup, dans cette profession, connaissent des difficultés d’insertion professionnelle. "En parallèle de mon métier, qui me plaisait, je faisais des grilles et je les vendais à des magazines. Puis, je ne sais pas, à un moment je me suis dit, pourquoi pas ? Et j’ai écrit a plusieurs rédactions. Finalement, Libération a bien voulu me rencontrer, raconte-t-il. Le journal proposait une nouvelle formule, c’était l’occasion, je les ai convaincu". Et depuis le 1er juin 2015, le Corrézien construit les mots-croisés pour le quotidien, six par semaine, quatre géants l’été et une grille par mois pour Philosophie magazine. Cet été, le verbicruciste en a réalisé une en forme de coronavirus, dessinée par son frère Guillaume.

Toutes ses grilles sont d’ailleurs, à chaque fois, vérifiées par Guillaume. Un rituel qui vient, peut-être, de l’enfance. C’est en jouant avec ses frères que le plaisir de la conception est venu. "On jouait beaucoup ensemble, on faisait des grilles, du foot aussi parfois, rigole-t-il. J’ai toujours aimé résoudre les mots-croisés mais j’étais plus dans la création. Pour ça, il faut aimer les lettres et les maths et moi j’aimais les deux."

On jouait au foot aussi parfois !

Gaëtan Goron

Et pour se former à ce métier, pas d’écoles, il faut s’entraîner. "J’ai appris tout seul. Il faut en faire, beaucoup, puis on avance. Par exemple les premières grilles que j’ai publié je ne les referai pas aujourd’hui. Je change toujours ma façon de faire." Une façon de se renouveler pour le verbicruciste. "Je commence un jour par les mots de gauche, ensuite par la droite. Ce n’est pas codifié, je peux faire ce que je veux. On est libre dans sa création mais en même temps c’est très cadré. Par exemple dans le journal j’ai des limites." 

Et pour l’inspiration, Gaëtan en trouve à partir de choses qui lui sont propres. "J’ai 33 ans, j’ai donc un héritage différent de ceux qui sont plus âgés dans la profession. Je peux mettre beaucoup de choses liées à ma génération ou qui, moi, me parle : un peu d’absurde, d’humour... Car celui qui résout une grille doit prendre du plaisir à le faire."

Et les cruciverbistes – ceux qui font les mots-croisés - lui rendent bien. Comme cette personne qui, un jour, lui a demandé d’insérer dans une grille des mots pour ses parents, amateurs des mots-croisés de Gaëtan, qui fêtaient leur anniversaire de mariage. "J’ai mis deux prénoms, et le mot ‘émeraude’ car c’était leurs noces d’émeraudes", se souvient-t-il.

Verbicruciste un métier en péril ?

Derrière le jeu et la création, il y a une réalité pour les verbicrucistes, celle de l’insertion professionnelle difficile.  "Il y a très peu de gens qui font ça car il y a de moins en moins de journaux qui font appel à des verbicrucistes. Ils utilisent plutôt les services d’entreprises qui vendent des choses toutes faites avec la météo, l’horoscope etcetera. Peu de médias veulent avoir une personne derrière une grille car c’est un investissement. Et les machines font un travail qui remplace ces plumes", regrette Gaëtan Goron.

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