Prisons. Deux semaines après l'attaque d'un convoi pénitentiaire et la mort de deux agents, procès d'une agression "ordinaire" au centre d'Uzerche

Après l'agression d'un surveillant pénitentiaire dans le centre de détention d'Uzerche, le sentiment de frustration continue de grandir chez les agents pénitentiaires qui réclament plus d'effectifs pour améliorer leur condition de travail.

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Ce mardi 28 mai s'est tenu le procès d'un détenu pour l'agression de surveillants du centre d'Uzerche. Le jeune homme de 25 ans a été auditionné par visioconférence, il a été reconnu coupable de violences verbales - des insultes - mais aussi de violences physiques envers des gardiens. Il a été condamné à deux ans de prison, dont un an ferme.

Un procès qui résonne de manière particulière avec l'actualité. Il y a deux semaines, le 14 mai, deux agents étaient tués dans l'attaque d'un convoi pénitentiaire dans l'Eure. Cette tuerie avait provoqué l'indignation et le blocage des prisons pour réclamer plus de moyens. 

"Les agents sont fatigués"

Les situations de tensions au quotidien et le drame récent suscitent un profond sentiment de malaise chez les agents pénitentiaires. Ces derniers déplorent le manque de moyens et d'effectifs qui conduisent à des situations parfois explosives et menacent donc leur sécurité.

"On essaye de faire au maximum, mais on ressent beaucoup de frustration, les détenus ont beaucoup de questions qui restent parfois sans réponse puisque nous n'avons pas le temps de traiter toutes les demandes. Et puis, les agents sont fatigués. On essaye de tenir un effectif de 90% dans l'établissement, mais à ça s'ajoute l'absentéisme qui complique la situation", regrette Julien Dubois, secrétaire local USAP Corrèze au centre de détention d'Uzerche. 

Le centre de détention d'Uzerche présente pourtant un ratio plus équilibré que d'autres sites avec un agent pour soixante détenus, "pour certains établissements parisiens, ça peut aller à un agent pour 130 à 140 détenus !", précise-t-il.

 

S'adapter au quotidien

Les centres de détention rencontrent des difficultés pour effectuer le travail de réinsertion des détenus et sont contraints de modifier le quotidien en prison.

"C'est la période en extérieur avec les moments collectifs où on est le plus diminué au sein d'une maison d'arrêt.  Au moment du départ en promenade, sport ou atelier, on peut avoir 60 à 100 personnes d'un coup. Donc, quand on a du mal à recruter, on divise ces phases : au lieu de sortir 60 personnes d'un coup, on en sort que 20 pour éviter les accidents", détaille Julien Dubois

Des détenus avec des peines différentes peuvent aussi partager la même cellule "ce qui peut conduire à des situations violentes".

Face à ces situations, les réactions sont différentes. "Certains vont très mal le vivre. Ça fait quinze ans que je fais ce métier. C'est vrai qu'au début, ça fait quelque chose, puis on s'habitue, c'est le risque du métier ", se désole-t-il.

C'est vrai qu'au début, ça fait quelque chose, puis on s'habitue, c'est le risque du métier.

Julien Dubois

Secrétaire local USAP Corrèze au centre de détention d'Uzerche

Le ministre de la Justice, Eric Dupont-Moretti a annoncé en juillet 2023, le recrutement de surveillants contractuels dans les prisons pour renforcer les effectifs et le passage en catégorie B de la fonction publique, impliquant une augmentation salariale, pour les professions des centres pénitentiaires, d'ici 2027. Julien Dubois espère que ces mesures pourront apporter de vrais changementsdans le quotidien des agents. 

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