Après une audience épique, le tribunal a considéré que le restaurant servait davantage de cannabis que de repas.
Deux ans fermes pour le gérant et pour son principal fournisseur : le tribunal de Tulle a rendu ce jeudi 9 février sa décision dans une affaire de trafic de drogue à l’Hacienda, un restaurant situé dans le centre-ville du chef-lieu corrézien.
Les débats ont été animés, avec des acteurs tous investis dans leur rôle. À la barre, Frédéric, le gérant de l’Hacienda, nie tout en bloc. Il se présente comme un "honnête homme" : "Je défie quiconque de m’avoir jamais vu vendre de la drogue."
Lessiveuse
Pourtant, des témoignages en attestent. Tous parlent d’un restaurant à l’activité quasi nulle, sauf le soir : c’est alors un vrai défilé, avec une clientèle qui achète et fume du cannabis sur place.
Pour justifier les rentrées d’argent, les employés évoquent de leur côté de fausses additions, et des dépôts d’argent liquide dans la caisse. "Ça s’appelle une lessiveuse !", décrypte la procureure.
Peur de rien
Face aux preuves, Frédéric reconnaît avoir acheté un demi-kilo de cannabis, pour permettre à une de ses serveuses de fumer entre amis. Il avait aussi reconnu pendant sa garde à vue quelque 14 000 euros de trafic : "J’ai dit ça parce que j’avais peur de l’enquêteur", justifie-t-il à l’audience. "Vous n’avez peur de rien", répond la présidente, "vous êtes à 100 mètres du commissariat et vous autorisez vos clients à consommer de la drogue sur la terrasse !"
Certains commentaires sur les réseaux sociaux concernant le restaurant n’étaient déjà pas fameux ("C'est vraiment un restaurant à fuir", "Catastrophe en cuisine"). L’Hacienda ne sera probablement pas la prochaine cantine du tribunal de Tulle.