Depuis 8 ans, la petite commune corrézienne abrite un centre d'accueil de demandeurs d'asile (CADA). Ces exilés représentent 10% de la population du village. Alors qu'un projet d'implantation de CADA provoque des remous à Beyssenac, autre commune corrézienne, coup de projecteur sur une intégration que beaucoup considèrent comme une réussite.
Dans cette petite commune corrézienne du plateau de Millevaches (800 habitants), l'implantation d'un CADA en 2014 a, bien sûr, bouleversé les habitudes.
La structure, qui vise à accueillir et accompagner les étrangers pendant leur démarche de demande d'asile (soit plusieurs mois, voire un ou deux ans), compte 80 places. 10% de la population du village.
"En 2014, suite à la reconstruction de la maison de retraite, nous avons dû trouver une nouvelle vocation pour ce lieu. Nous avons vu ce projet de CADA comme une opportunité, un projet de développement local pour créer de l'économie, de la vie, du lien social", explique Pierre Coutaud, le maire de Peyrelevade.
80 personnes en plus dans un village, c'est davantage de monde dans les commerces, à l'école, dans les associations.
Un accueil bienveillant
Ce jour-là, trois demandeurs d'asile supplémentaires arrivent au CADA de Peyrelevade : un jeune Afghan, et une maman venue de Guinée avec son bébé d'un mois. Ici, 27 nationalités se côtoient : Iraniens, Afghans, Maliens, Sénégalais…
Chacun dispose d'une chambre, individuelle pour les familles, double pour les hommes seuls. À leur arrivée, un kit d'accueil leur est remis avec un peu de nourriture, des draps propres, de la vaisselle.
"Notre mission, c'est de les accueillir et de les accompagner dans des bonnes conditions, de façon conviviale, rassurante, bienveillante, pour qu'ils puissent souffler et se sentir en sécurité", explique Clémence Bouguerba, chef de service au CADA de Peyrelevade.
"Une vraie famille"
Parmi les occupants du CADA : Nadia, une opposante politique russe qui vient d'obtenir le droit d'asile, après 6 mois passés au CADA. Elle raconte : "Quand je suis arrivée ici, je n'arrêtais pas de pleurer. Clémence m'a dit : j'espère que tu vas te sentir mieux, mais je suis sûre que tu pleureras quand tu partiras parce qu'on est une vraie famille. Et c'est vrai. Après tous ces mois passés ici, j'ai vraiment senti qu'il y a une équipe pour nous aider. Les gens du village sont très gentils. J'aime cet endroit".
L'intégration par l'école
10% d'habitants en plus... C'est une aubaine pour les commerces, la Poste, mais surtout pour l'école. Les enfants du CADA représentent un tiers de l'effectif. De quoi maintenir une 3ᵉ classe et ouvrir une fenêtre sur le monde
Depuis 8 ans, la petite école de Peyrelevade est habituée à accueillir, au cours de l'année, de nouveaux élèves étrangers, qui pour certains ne parlent pas du tout français. Des enfants qui, souvent, n'ont pas été scolarisés ou dans des conditions compliquées, et n'ont pas les mêmes codes.
"On s'adapte. Pour les enfants de Peyrelevade, ça fait très longtemps qu'ils accueillent des enfants venant du monde entier. Pour eux, c'est une évidence, c'est dans l'ordre des choses", affirme Brigitte Viallaneix, directrice de l'école de Peyrelevade.
Face aux inquiétudes des habitants de Beyssenac, où le projet d'implantation d'un CADA dans un ancien hôtel-restaurant de la commune crée des remous, le maire de Peyrelevade se veut rassurant : "Il faut se poser autour d'une table et en discuter. Je suis prêt à les accueillir ici pour leur expliquer l'histoire de notre projet".
À bon entendeur...