VIDÉO. Maisons fissurées :"ça décolle le mur de la maison !"

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À Ussac, l'extension de la maison de Noémie Lherbier porte les stigmates d'une maison qui bouge. Les fissures courent du sol, jusqu'au plafond.
En Corrèze, près de 10 % du territoire est en état de "catastrophe naturelle". ©France Télévisions/ Image d'illustration : PHOTOPQR/REPUBLIQUE DU CENTRE/MAXPPP

En Corrèze, le sol argileux fait vaciller les maisons. Après la reconnaissance de l'état de "catastrophe naturelle" pour vint-sept communes corréziennes, les propriétaires de maisons fissurées se penchent sur l'indemnisation de leur bien. En deux ans, c'est la deuxième fois qu'un épisode de ce type est constaté dans le département.

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Les propriétaires de maisons fissurées attendaient la nouvelle avec impatience : le 3 mai 2023, vingt-sept communes de Corrèze ont été reconnues en état de catastrophe naturelle, après la sécheresse de l'été 2022.

Une reconnaissance de l'État, qui va permettre aux propriétaires d'être indemnisés par les assureurs. C'est le cas de Noémie Lherbier, propriétaire d'une maison fissurée, à Ussac, en Corrèze. Dès les pluies de septembre 2022, après des mois sans eau, les premiers signes d'une maison qui bouge ont commencé à apparaître sur les murs de son domicile.

Toutes les fissures vont dans le même sens, ça décolle le mur de la maison.

Noémie Lherbier

Propriétaire d'une maison fissurée à Ussac (19)

La situation de Noémie Lherbier n'est pas un cas isolé. À la mairie d'Ussac, les signalements identiques s'empilent. En Corrèze, près de 10 % du territoire est classé en état de "catastrophe naturelle".

Plus les dossiers s'accumulent sur le bureau du maire, plus la reconnaissance de l'"état de catastrophe naturelle" a de chances d'aboutir : "avoir le plus de dossiers possible permet de justifier au niveau des assurances et des experts qu'il y a un réel problème. Un problème, non pas à l'échelle locale, mais à l'échelle communale, départementale, voire même nationale", détaille Benjamin Joussin, responsable technique de la ville d'Ussac. 

Sols argileux pointés du doigt 

L'arrêté "sécheresse-réhydratation" est lié à la nature des terrains, ce sont les sols argileux qui sont en cause. L'association de consommateurs UFC Que Choisir a enquêté sur le lien entre les maisons fissurées et l'argile qui compose les sols sur lesquels les habitations ont été bâties.

En effet, après des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents et durables, "l'argile s'assèche, se tasse et se rétracte. Puis, l'argile, se gorge d'eau et gonfle dès que les pluies arrivent. Après plusieurs épisodes de ce type, les maisons commencent à se fissurer et la situation s'aggrave de sécheresse en sécheresse", peut-on lire dans cette récente enquête, datant du début d'année 2023. Ce phénomène porte un nom, retrait-gonflement des argiles (RGA). 

Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) s'intéresse particulièrement à la géologie et à la connaissance des sous-sols du territoire. En 2019, l'établissement public a réalisé cette carte qui met un coup de projecteur sur la problématique du retrait-gonflement des argiles.

Ainsi, le Limousin est uniquement concerné par des aléas moyens (en orange) à faibles (en jaune) en termes de retrait-gonflement des argiles. Aucuns aléas forts (cartographié en rouge) n'y est recensé.

Selon Delphine Batkowski, chercheuse au BRGM, c'est le niveau de sensibilité des terres argileuses qui témoigne de telles différences en Limousin vis-à-vis du reste du territoire.

Elle ajoute que, même si cette carte date de 2019, elle n'est pas pour autant obsolète. "Pour obtenir cette carte, les chercheurs ont utilisé la géologie, croisées avec des données de sinistres. Cette carte pourrait être mise à jour dans les années à venir s'il y a davantage de sinistres reconnus et déclarés à un endroit. Cela voudrait dire que l'on se trouve dans une poche plus sensible", analyse la chercheuse.

Avec le réchauffement climatique et la répétition des épisodes de sécheresse, devra-t-on un jour faire une analyse de sol avant d'accorder un permis de construire ? Pour l'instant, la municipalité penche pour la négative. 

Dans notre futur Plan Local d'Urbanisme (PLU), effectivement le phénomène de l'argile n'a pas été pris en compte. Je ne sais pas s'il faudrait le prendre en compte. Les veines d'argiles sont très particulières et localisées. À priori aujourd'hui, on ne décidera pas que tel terrain ne sera pas à bâtir parce qu'il est sur une veine d'argile.

Jean-Philippe Bosselut

Maire d'Ussac (19)

Les propriétaires ont jusqu'au 3 juin 2023 pour se tourner vers leurs assureurs. Quant à la préfecture de Corrèze, elle devrait dresser une nouvelle liste de communes en état de "catastrophe naturelle" dans les semaines qui viennent.

Article écrit par Nina Santi avec Jean Perrier, Elodie Do Nascimento Goncalves et Julie Radenac.

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