La situation est devenue intenable à l'Ehpad du Mont, à Aubusson, dans la Creuse. Un couple, qui a placé un membre de sa famille, dénonce les conditions de vie des résidents et les conditions de travail du personnel, en sous-effectif.
Les locaux sont vétustes, imprénés d'une forte odeur d'urine. L'état de l'Ehpad du Mont à Aubusson (Creuse) laisse à désirer. Au point que Patrick et Anne-Marie Vignaud, qui ont placé un membre de sa famille il y a trois ans, alertent début décembre sur une situation très proche de la maltraitance.
Les résidents sont confinés dans leurs chambres et laissés dans leur lit, ils mangent sur leurs tables de lit. Si l'on ajoute des problèmes de malbouffe (jambon brûlé, pâtes trop dures), des fissures dans le mur et des fourmis écrasées laissées dans la table de nuit, la situation est devenue intenable.
La direction visée, pas le personnel
"Des personnes âgées qui ont travaillé toute leur vie ne méritent pas de finir leurs jours dans cet Ehpad", avance Patrick Vignaud, très remonté. Mais pas question pour lui d'incriminer le personnel de l'Ehpad, mais la direction.
Les employés du Mont sont débordés. "Du 31 août au 1er septembre, on a perdu 40 % de notre effectif. On se retrouve à 1 employé pour 20 résidents, regrette Julien Palayer, soignant à l'Ehpad et secrétaire du syndicat CGT. Il n'y a pas une journée où je vois une collègue pleurer, venir dans le bureau pour se plaindre des conditions. Et les burnout, c'est de la folie !"
"On n'a plus le temps de faire des douches"
Ils ne sont plus en mesure de fournir des soins adéquats aux patients. "Il n'y a plus de douche du tout, on n'a plus le temps d'en faire. On en fait quand on est obligé, quand le résident est souillé qu'on ne peut pas faire autrement. Mais ça nous met en retard. C'est dangereux pour les résidents. C'est devenu impossible de travailler dans ces conditions." De l'aveu de Patrick Vignaud, les résidents sentent l'urine eux-mêmes.
"Il faut arrêter de bazarder les services publics"
Le soignant était soulagé, qu'enfin, une famille ose en parler publiquement. "Ca fait du bien. Les familles nous voyaient courir partout. La colère est ciblée envers la direction, pas nous." Il espère que la manifestation du 5 décembre ne sera pas "une manif d'un jour. Il faut arrêter de bazarder les services publics".
Patrick Vignaud a écrit à la ministre des Soldarités et de la santé, Agnès Buzyn. Il n'a pas réussi à rencontrer la direction de l'établissement. Il n'est pas parvenu non plus à joindre l'ARS, non sans avoir essayé. L'organisation promet de communiquer dans les jours qui viennent. "Je n'en resterai pas là : je me battrais jusqu'à ce que les employés soient mieux considérés", conclut le retraité. Nous n'avons pas réussi à joindre ni contacter la directrice de l'Ehpad.