Le pôle viande de Bourganeuf propose à des restaurateurs de leur donner un coup de main en échange de l'apprentissage de nouveaux savoirs faire. Ils viennent aussi en aide à certains acteurs du territoire.
Depuis quelques mois, le projet de 80 éleveurs creusois est devenu réalité. Ils ont créé un abattoir “éthique”, un atelier de découpe et de transformation de la viande et même un service de vente par correspondance sur la France entière. Pour cela, ils ont constitué une société qu’ils ont appelée “pôle viande locale de Bourganeuf”.
Le projet date de 2007. A cette époque, les abattoirs de Guéret et Eymoutiers ont fermé, laissant les éleveurs de limousines très démunis. Les circuits courts étant très en vogue ces dernières années, ils ont décidé de se réapproprier la découpe et la transformation de leur viande.
Leurs animaux sont par ailleurs beaucoup mieux traités que dans d’autres abattoirs. Tout est fait pour que les bovins ne soient pas stressés. "La bouverie a été conçue de manière circulaire sans aucuns angles, et l’étourdissement avant la mise à mort est désormais réalisé par un robot à reconnaissance faciale", qui détermine précisément le point d’impact.
Echange de bons procédés
La crise sanitaire a donné l’idée aux 80 éleveurs actionnaires du pôle viande de Bourganeuf, d’ajouter une nouvelle corde à leur arc : la solidarité.
Ainsi, ils proposent à des restaurateurs dont l’établissement est fermé de venir leur donner un coup de main. L’occasion pour ces derniers, d’apprendre de nouveaux savoirs-faire. C’est le cas de Sylvaine Soulier, qui vient régulièrement préparer rôti en croute, bœuf bourguignon ou paupiettes.
J’ai accepté de le faire parce que ça me sort de mon restaurant où je ne fais rien. Ca me fait du bien et j’apprend comment ils font le saucisson, comment ils coupent la viande. C’est très intéressant.
Guillaume Betton, président du pôle viande de Bourganeuf, souhaiterait aussi que les restaurateurs utilisent sa logistique pour expédier des petits plats à leurs clients.
De la viande pour les loups
Les éleveurs ont aussi la volonté d’aider certains des acteurs de leur territoire. Ainsi, ils donnent leurs restes de viande au parc aux loups. Ce qui aide beaucoup les responsables de cet espace fermé pour cause de Covid. Selon Abel Guittard, directeur du parc aux loups : “Il y a une quarantaine d’animaux à nourrir ici. Les loups mangent tous 1,5 kg de viande par jour”
Un don qui, une fois validé par les services vétérinaires, permettra aux meutes de déguster de la viande locale.
Le reportage de Marielle Camp, Matthieu Dégremont, Chantale Cogne.
Intervenants : Sylvaine Soulier, restauratrice ; Guillaume Betton, éleveur et président du pôle viande