Après 3 jours d’audience à la Cour d'Assises de la Creuse qui juge le meurtre de Nicolas Nivet à Bourganeuf en novembre 2017, le verdict est tombé : Anthony Marchand est condamné à 12 ans de réclusion criminelle.
Les jurés ont retenu la culpabilité de Anthony Marchand et l’ont condamné à une peine de 12 années de réclusion criminelle.
À la question de l’irresponsabilité pénale, pour avoir eu un trouble psychique ou neuropsychiques ayant aboli son discernement au moment du passage à l’acte, les jurés ont répondu non. Même réponse négative pour l’altération de son discernement. Il est par ailleurs condamné à ne pas détenir d’armes pendant 10 ans. Un suivi socio-judiciaire avec injonction de soins est également ordonné pendant cinq ans. D’autres peines complémentaires comme l’obligation de travailler ou de suivre une formation, d’indemniser les victimes et d'inégibilité pendant cinq ans.
Depuis lundi dernier, les jurés des assises de la Creuse ont tenté de comprendre comment Anthony Marchand, père de famille aimant et sur la voie d’une reconstruction personnelle a pu commettre l’irréparable en tuant Nicolas Nivet de 22 coups de couteau le soir du 14 novembre 2017.
Au terme de trois jours d’analyse, l’avocat général avait requis ce matin 15 ans de réclusion criminelle contre l’accusé, ainsi que l’interdiction de détenir une arme pendant 15 ans et la privation de son droit d’éligibilité pendant cinq ans.
Lors de son réquisitoire, l’avocat général a insisté sur le fait qu’Anthony Marchand n’était pas, selon lui, dans une situation de légitime défense au moment des faits. Ayant réussi à désarmer Nicolas Nivet du couteau dont il s’était emparé, il avait le choix de s’en dessaisir et d’immobiliser Nicolas Nivet. Au contraire, il a choisi la riposte.
Pour appuyer cette argumentation, l’avocat général s'est fondé sur les conclusions de l’expert psychiatre. Ce dernier ayant expliqué que le black-out présenté par Anthony Marchand, l’absence de mémoire des faits, est un processus défensif. Un moyen de défense psychologique face à une situation traumatique, de stress intense entraînant une diminution du ressenti émotionnel par protection. Mais il n’y aurait pas eu altération ou abolition du discernement selon cet expert.
Déclarer Anthony Marchand pénalement irresponsable demande du courage, mais c'est votre mission. Vous ne pouvez pas vous arrêter à la souffrance de sa famille, c'est faire œuvre de justice.
Une thèse rejetée par l’avocat de l’accusé, Guillaume Viennois. Selon lui, son client est certes moralement responsable, mais pénalement irresponsable. La situation de stress intense dans laquelle l’a poussé Nicolas Nivet chez lui, ce soir du 14 novembre 2017, lui a fait perdre le contrôle de ses actes. Les insultes, les menaces, l'agression par les deux gifles puis la tentative de meurtre par coup de couteau porté par la victime, alors que sa compagne était à côté et que ses enfants dormaient à l'étage, ont selon lui provoqué une déconnexion chez Anthony Marchand. "Il a eu peur de mourir, il a eu peur pour lui, sa compagne et ses enfants. Qu'auriez-vous fait à sa place ?" a déclaré Maitre Guillaume Viennois dans sa plaidoirie en s'adressant aux jurés.