Pour la première fois, Noëlle Bennett, qui a servi de modèle pour la statue de la Sainte-Geneviève, sainte patronne des gendarmes, est à l'honneur des fêtes de ce vendredi 22 novembre à Dun-Le-Palestel, dans la Creuse.
"Tu viens poser avec moi pour la statue de la Sainte-Geneviève ?" Noëlle Bennett se souvient encore de la question de sa tante sculptrice Anna Quinquaud, il y a 70 ans. A 15 ans, la jeune Noëlle est donc devenue le modèle de la statue de la Sainte-Geneviève, sainte patronne de la ville de Paris, du diocèse de Nanterre, mais surtout des gendarmes depuis 1962.Ces derniers la mettent pour la première fois à l'honneur ce vendredi 22 novembre, pour les célébrations de la Sainte-Geneviève à Dun-Le-Palestel, à quelque 6 kilomètres de Lafat, où elle réside. Autre première, la statue, présente à la direction de la gendarmerie, à Issy-les-Moulineaux, est descendue en Creuse.
Une statue à Lafat, la vraie à Issy-les-Moulineaux
Tout démarre dans les années 1940, en pleine deuxième guerre mondiale. Pour répondre à une commande de l’administration des Beaux-Arts en 1944, Anna Quinquaud, lauréate du Prix de Rome, pense à sa nièce, qui s'appelait alors Noëlle Legendre, qui n'a pas 20 ans, pour être le modèle de la statue de la Sainte-Geneviève. "Anna a toujours été très gentille avec moi." Elles avaient l'habitude de se retrouver à Lafat dans la maison de famille lors des vacances de Pâques ou d'été, mais aussi à Paris. "Je venais à vélo du 16e pour aller voir ma tante dans le 14e arrondissement", se souvient-elle.
En pleine occupation allemande, Noëlle pose donc pour Anna. "Ma mère avait un très beau visage et était une très belle femme", confie sa fille qui est régulièrement à ses côtés en Creuse. En 1942, la sculptrice donne la statue en plâtre commandée par le ministère - "pas vraiment une maquette", précise la fille de Mme Bennett - à l'église Saint-Sulpice de Lafat puis livre trois ans plus tard la "vraie" statue, finalement déposée en 1948 à l'Etat major de la défense nationale. Une sculpture, "belle oeuvre en bois doré", selon la modèle. Celle qui est descendue d'Issy-les-Moulineaux, où elle siége depuis 2012.
La statue en bois doré de la Sainte-Geneviève
Sur la statue, elle est vêtue d’une longue tunique, elle serre dans ses mains le navire, symbole de Paris. A ses pieds, on y voit un mouton dans un décor naturaliste ainsi que des représentations de la cathédrale Notre-Dame et de l’église du Sacré-Cœur.Sténographiste puis prof de français
Noëlle Bennett, depuis mariée à un Américain, avait l'habitude d'assister aux cérémonies de la Sainte-Geneviève à Dun-le-Palestel, une fois à la retraite - elle était sténographiste puis professeure de français. C'est au détour d'une conversation avec un colonel de gendarmerie, il y a une vingtaine d'années, qu'elle lui raconte son histoire de modèle. Depuis, elle a été invitée à chaque cérémonie.
Sur l'idée d'un colonel commandant de groupement, les gendarmes de Dun-le-Palestel lui rendent hommage en mettant pour la première fois la dame de 94 ans à l'honneur.
Geneviève (420-500) de Paris était une sainte française. Elle est la sainte patronne des gendarmes le 26 novembre, date du "miracle des ardents", en rapport avec une intoxication par le seigle à Paris en 1130. Anna Quinquaud (1890-1984) l'a donc sculptée. Cette dernière porte le nom de l'Ehpad du centre hospitalier du Guéret.