49.3 : "j'ai envie de défendre les gens qui n'ont pas forcément la parole" : Gauvain Sers interpelle Emmanuel Macron en chanson

L'utilisation du 49.3 par Elisabeth Borne n'en finit pas de faire réagir : le chanteur Gauvain Sers a chanté sur les réseaux sociaux sa chanson "Monsieur le Président". Sollicité par des fans sur la carte scolaire, il a également adressé, en ligne, une lettre au ministre de l'Éducation Nationale. Interview.

Ce n'est pas une nouvelle chanson : "Monsieur le Président" a été créée l'année dernière pour l'émission Boomerang de France Inter. Mais ce jeudi soir, en apprenant qu'Elisabeth Borne avait déclenché l'article 49, alinéa 3 de la Constitution pour faire passer la réforme des retraites, il s'est dit que ce titre était "tristement de circonstance". 

Alors, dans la salle où il jouait ce jeudi soir à Marly-le-Roi, en banlieue parisienne, il a fait ce qu'il fait toujours : prendre sa guitare et chanter pour s'exprimer juste avant le concert. 

Actuellement en tournée acoustique pour une dizaine de jours, c'est par téléphone que nous parvenons à le joindre ce vendredi soir, avant son concert à Ondres, dans les Landes. Le chanteur engagé, que l'on connaît déjà pour la chanson les Oubliés, il semblait impossible de ne pas réagir et il nous explique pourquoi il voulait exposer de nouveau cette chanson adressée au Président de la République : "il y a beaucoup de choses qui se passent en ce moment, le pays est en tension, d'avoir passé cette loi en force, je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure des idées pour apaiser le pays. Il y a beaucoup de gens en colère, qui se sentent délaissés dans ce pays, et c'est un peu ce que raconte cette chanson-là... C'est d'essayer de revenir les pieds sur terre et voir ce que les Français ressentent au quotidien. Je crois que c'est important, dans les chansons, de continuer à pointer du doigt les absurdités de notre monde et les injustices. 

Quand les sujets m'interpellent, je le fais en chanson parce que je ne suis pas quelqu'un qui va être très à l'aise dans les débats.

Gauvain Sers

Et quand on lui demande pourquoi il réagit de manière presque épidermique à l'actualité, le chanteur nous répond en toute franchise : "Je le fais quand je sens que j'ai besoin de le faire au fond de moi. (...) J'ai envie de défendre des gens qui n'ont pas forcément les paroles, de les mettre en lumière, tous ces gens de l'ombre... Quand les sujets m'interpellent, je le fais en chanson parce que je ne suis pas quelqu'un qui va être très à l'aise dans les débats... Ma manière à moi de m'exprimer, ce sont les chansons… Après, je n'écris pas sur tous les sujets, heureusement, mais voilà, quand quelque chose me bouleverse ou m'indigne, c'est ma manière à moi de réagir, et je continuerai à le faire.... 

Pour l'artiste, ce positionnement est d'ailleurs une suite logique à son engagement passé lors de l'écriture de la chanson "les Oubliés". Il était donc "important pour lui" de dénoncer cette utilisation du 49.3 qu'il analyse comme un "déni de démocratie". D'ailleurs, le chanteur creusois nous explique avoir participé à plusieurs manifestations contre la réforme des retraites. En raison de sa tournée, il précise ne pas pouvoir se rendre dans la rue dans les prochains jours, mais cette chanson rechantée ce jeudi est "sa manière à lui de manifester".

Une lettre pour dénoncer la carte scolaire 

Cette chanson n'est pas le seul acte militant pour l'artiste ces derniers jours : une lettre a également été mise en ligne sur sa page Facebook à l'attention du ministre de l'Éducation nationale. Un courrier qui répond à une sollicitation de son public :

"À la suite de la chanson Les Oubliés, j'ai reçu vraiment des centaines de messages quand la nouvelle carte scolaire a été annoncée. Et je me sentais impuissant, et moi, je ne peux pas faire grand-chose pour sauver une école. Justement, j'ai écrit une chanson pour mettre en lumière ce qui se passait, mais après, ce n'est pas moi qui ai le pouvoir de changer les choses. Alors, pour résumer tous ces messages, la seule manière, c'était d'interpeller le ministre là-dessus. J'espère qu'il aura lu cette lettre, qu'elle arrivera un jour sur son bureau. Si ça pouvait sauver ne serait-ce qu'une demi-classe, j'aurais eu l'impression d'être utile." 

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