En pleine crise du Covid 19, le service réanimation de l'hôpital de Guéret a dû se réorganiser pour faire face à la vague attendue de patients infectés. Une de nos équipes a passé une journée au plus près des soignants, investis dans une mobilisation exceptionnelle.
L'hôpital de Guéret est une petite structure. Son service de réanimation possède en temps normal 12 lits, ce qui peut paraître peu pour faire face à une vague de patients atteints du Coronavirus.
L'établissement a donc dû anticiper, et réorganiser ses services, pour être prêt.
Dans ce contexte, Guéret a la chance d'être pour l'instant relativement épargné par l'épidémie. L'hôpital a eu le temps de mettre en place de nouvelles procédures, de s'organiser, en se basant sur les retours d'expériences des hôpitaux du Grand Est.
Réorganisation des services
A Guéret, le choix a été fait de séparer complètement les patients atteints du Covid 19 des autres patients. Le service de réanimation habituel a été transformé en unité "Covid +", de 12 lits. Quatre autres lits de réanimation ont été aménagés dans le service de cardiologie pour accueillir les autres pathologies.
Le jour de notre reportage - jeudi 2 avril 2020 - huit patients étaient hospitalisés en réanimation à Guéret, dont cinq atteints du Covid 19.
Pour faire face à un probable afflux de patients, le service bénéficie d'un renfort de personnel : des étudiantes infirmières, des infirmières d'autres services, des soignants retraités, ainsi que des internes de Limoges sont venus prêter main forte.
Eviter à tous prix la contamination
Les premiers patients atteints du Coronavirus sont arrivés à l'hôpital de Guéret il y a huit jours. A ce jour, ils sont cinq, la plupart placés sous respirateur.
Avec le virus, les soignants de réanimation ont dû adapter leur façon de travailler, avec une préoccupation constante : éviter les risques d'infection du personnel.
Pour un soin de bouche, par exemple, on prend des précautions. Là, le patient dort, mais s'il se réveille, il va tousser. Alors on se protège au maximum. - Eric Vernaudon, aide-soignant
Le geste le plus compliqué : la fameuse intubation, lorsque l'on branche le patient à un respirateur artificiel en introduisant une sonde dans la gorge. Ce geste se fait sous haute sécurité, avec un nombre d'intervenants limité dans la salle.
Quand on commence ce genre de geste, on est très près de la gorge du patient. Et le geste en lui-même, de par la ventilation, peut aérosoliser des goutelettes et les mettre en suspension dans l'environnement autour. Ce qui pourrait éventuellement nous contaminer, nous, en tant que soignants. Donc il faut que tous les gestes soient préparés en amont, et du coup ça prend un peu plus de temps. - Timothée Trampon, médecin
Des protocoles spécifiques ont été mis en place, aussi exigeants que ceux appliqués dans les grands hôpitaux à Paris ou à Bordeaux. Ils sont affichés un peu partout dans le service, afin de pouvoir vérifier rapidement la marche à suivre.
Du matériel de protection compté...
Les soignants doivent aussi faire face à d'autres difficultés que le virus, notamment le manque de matériel de protection (masques, charlottes, surblouses...).
Leurs stocks sont comptés. Ainsi, ils doivent s'astreindre à limiter au maximum les entrées dans les chambres de patients contaminés, afin d'économiser le matériel de protection, n'utiliser que l'indispensable... Une réalité difficile à admettre, mais qui s'impose à eux en ce moment.
Autre préoccupation : la pénurie annoncée de certains médicaments et notamment les produits anesthésiants qui permettent d'endormir les patients. C'est un problème international, qui pourrait ne pas épargner la Creuse.
Et pour tous, c'est l'incertitude face à ce qui les attend :
On est inquièts d'être submergés. On a peur que beaucoup de patients arrivent en même temps, que l'on soit obligés de les intuber en même temps. Sur une heure, qu'ont ait 5 - 6 patients en même temps... Là ce serait difficile. - Marc Bedon, infirmier