La succession de Pierre Bardinon fait toujours l'objet de discordes. Après une audience à la chambre civile du tribunal de grande instance de Guéret mardi 27 juin 2023, le délibéré sera rendu le 17 août pour statuer du partage de l’héritage et de la vente potentielle de la collection.
C’est une saga qui dure depuis près de 10 ans, depuis la mort de Pierre Bardinon, en 2012. Le riche industriel creusois était détenteur d’une des plus grandes collections de Ferrari au monde. Aujourd’hui, la famille se déchire encore pour la succession.
La Ferrari de la discorde
En 2014, Patrick Bardinon cède à un riche Taïwanais résident à New York "la Joconde des Ferrari", une 250 GTO de 1964. Montant de la transaction 48 millions de dollars soit 38,5 millions d’euros.
À la suite de cette vente, Anne et Jean-François Bardinon engagent une procédure judiciaire contre leur frère.
Patrick, lui, soutient que son père lui avait fait cadeau du petit bijou et que la carte grise était à son nom. Les deux autres enfants contestent la propriété de ce véhicule et accusent leur frère d'avoir détourné ce bien.
En janvier 2020, la cour d’appel de Limoges estime que Patrick Bardinon avait commis une "faute civile en vendant la Ferrari qui faisait partie de la succession de son père". Il a été condamné à restituer la valeur du véhicule, soit 38,5 millions d’euros.
Une somme à laquelle s’ajoute 300 000 euros par mois d’intérêts de retard.
Patrick Bardinon doit donc 60 millions d’euros à son frère et à sa sœur.
La vente de l’intégralité de la collection Bardinon envisagée ?
Mardi 27 juin 2023, devant la chambre civile du Tribunal de grande instance de Guéret, la fratrie s’est réunie suite à un arrêt du 8 janvier 2020 de la cour d’appel de Limoges demandant à Patrick Bardinon de restituer le prix de vente de la 250 GTO.
Seulement ce dernier "retarde cette restitution" expliquent les avocats de Jean-François et d’Anne Bardinon.
Hier, l’avocat de Patrick Bardinon, Thomas Amico a demandé la vente de l’intégralité de la collection pour solder sa dette.
Celle-ci aurait été évaluée à près de 200 millions d’euros par la société d’enchères de voitures de collection RM Sotheby’s.
Le plus vite sera le mieux. On a été condamné à restituer le prix de la Ferrari… avec des intérêts de retards exorbitants de 300 000 euros par mois. C’est énorme, il a une dette de 60 millions d’euros alors qu’il a touché 14 millions sur la voiture. On demande la vente de la collection. Patrick Bardinon regrette ce cadeau empoisonné que son père lui a fait. Il n’aura pas d’états d’âmes à vendre sa collection.
Thomas Amico, avocat de Patrick Bardinon.
Une demande à laquelle s’opposent formellement son frère et sa sœur, Anne et Jean-François Bardinon.
Plutôt que de restituer le prix de vente de la Ferrari, Patrick veut payer en s’accaparant le reste de la succession.
Grégory Dumont, Cécile Rebiffé, avocats de Jean-François Bardinon
Selon leurs avocats, Jean-François Bardinon et Anne sont attachés à la collection de leur père. Ils voudraient un partage de la succession en nature. Pourtant, pour l'avocat de Patrick Bardinon, frère et sœur auraient vendu deux véhicules, 18 millions d'euros, pour payer les droits de succession.
Les avocats d'Anne et Jean-François Bardinon plaident alors le recel successoral, c’est-à-dire le détournement frauduleux du véhicule à l’insu de ses cohéritiers.
"C’est dans l’intérêt de tous afin qu’il y ait enfin un partage", plaident Grégory Dumont, Cécile Rebiffé, avocats de Jean-François Bardinon.
De son côté, Alexandre Bardinon, fils de Patrick Bardinon et gérant après son fondateur Pierre Bardinon du circuit du Mas Du Clos, de Saint-Avit-de-Tardes, à 15 km d’Aubusson, réagit.
C’est surtout des rancœurs et de la jalousie qui ont emmené Anne et Jean-François à entamer des procédures qu'ils ne maitrisent plus. C’est des choses qui se règlent en famille et pas devant les tribunaux. Nous, on essaie de perpétuer la tradition familiale.
Alexandre Bardinon, fils de Patrick Bardinon et gérant du circuit du Mas Du Clos.
Le 17 août 2023, le tribunal rendra son délibéré. Il pourra demander la vente d’une partie ou de l’intégralité de la collection ou statuer sur le recel. Dans ce cas, Patrick Bardinon sera privé de droit sur le prix de la Ferrari vendue. Ce qui pourrait diminuer sa part sur le reste de sa succession.