Les experts chargés de faire la lumière sur l'exil forcé des enfants réunionnais en métropole se sont déplacés à Guéret dimanche 8 janvier.
Ils ont auditionné plusieurs anciens pupilles.
Le président de la Commission et l'un de ses membres historien nous ont accordé une longue interview.
Une cinquantaine d'anciens pupilles sont venus à Guéret ce week-end pour rencontrer les membres de la Commission et exprimer leurs revendications.
Des membres de plusieurs associations mais aussi de nouveaux visages qui ne s'étaient jamais fait connaître avaient fait le déplacement.
Des enfants et petits enfants de pupilles qui ressentent aujourd'hui tout le poids de l'histoire terrible vécue par leurs parents ou grands-parents étaient également présents .
Pour le président de la Commission, le sociologue Philippe Vitale, cette audition menée à huis clos a été particulièrement fructueuse.
Elle a permis, entre autres, de mettre en exergue une demande nouvelle d'explications historiques de la part de la "deuxième génération" de réunionnais exilés.
Du côté des associations, la FED DROM (Fédération des Enfants Déracinés des Départements et Régions d'Outre Mer) se félicite elle aussi des progrès réalisés.
Elle demande toujours un accès plus facile aux dossiers individuels, un billet d'avion pour la Réunion pour les ex-pupilles et une assistance psychologique pour ceux qui en exprimeraient le besoin.
L'association "Enfants 3D" réclame pour sa part une nouvelle loi pour appuyer la résolution mémorielle adoptée en 2014 par l'Assemblée Nationale. "Enfants 3D" estime que l'Etat doit reconnaître sa responsabilité au delà de l'aspect symbolique et demande des réparations.
La Commission devra rendre ses travaux avant le mois de février 2018.
La ministre des Outre-Mer, Ericka Bareigts devrait s'exprimer sur ce sujet dans les semaines à venir pour faire un premier bilan des travaux de la Commission et annoncer les premières propositions du gouvernement.
INTERVIEWS
Le sociologue Philippe Vitale, président de la Commission, et l'historien Gilles Gauvin, membre de la Commission, ont accepté tous les deux de nous accorder une longue interview pour esquisser un premier bilan de leurs travaux.
Deux entretiens en profondeur qui apportent une lumière nouvelle sur l'affaire des "réunionnais de la Creuse".
Interview de Philippe VITALE, sociologue, président de la Commission :
Interview de Gilles GAUVIN, historien, membre de la Commission :
TEMOIGNAGE
Marlène Morin fait partie des nouveaux visages venus rencontrer les membres de la Commission d'experts dimanche à Guéret.
Née à Saint-Denis de la Réunion, elle a été enlevée à sa mère et envoyée en métropole par la DDASS quant elle était adolescente.
Elle est arrivée en Creuse en 1966. Elle n'a jamais revu sa famille et n'est jamais retournée à la Réunion. Jusqu'à très récemment elle n'avait même pas osé parler de son histoire à ses enfants.
Aujourd'hui elle témoigne du traumatisme psychologique durable engendré par son exil forcé.