Par souci de transparence, il a fait savoir samedi 21 mars qu'il venait d'apprendre que sa fièvre de trois jours était bien un signe de contamination au coronavirus. Notre rédaction a pris de ses nouvelles et l'a sollicité pour qu'il partage son ressenti.
 

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Son annonce, via les réseaux sociaux, a évidemment touché toutes celles et ceux qui le connaissent personnellement ou professionnellement, dans le cadre de ses fonctions publiques comme Président de la Communauté d'Agglomération du Grand Guéret, Conseiller Régional Région Nouvelle-Aquitaine et récemment candidat à la mairie de Guéret.
 


Nous avons sollicité Eric Correia par téléphone à son domicile. Il ne souhaitait pas une prise de parole publique mais il a convenu que son expérience pouvait bénéficier à tout le monde. Il a donc accepté de répondre à nos questions.

Comment les symptômes sont-ils apparus ?

EC
Jeudi 19 mars, dans l'après-midi, j'ai commencé à ressentir un état fiévreux, qui n'a cessé de s'accentuer en 4-5 heures, pour dépasser les 39.5. Vendredi matin, j'ai appelé le 15 et j'ai été testé positif vendredi soir. Je viens de passer 4 jours et 4 nuits difficiles, aujourd'hui ça va mieux, mais je sais qu'il faut s'attendre à une reprise dans les heures qui viennent.

Avez-vous tout de suite pensé au covid-19 ?

EC
Oui, parce que je suis personnel soignant moi-même (NDLR infirmier anesthésiste réanimation), j'ai suivi ce qui s'est passé en Chine, en Corée, en Italie..., par mes lectures et mes relations, je connaissais les premières manifestations. Vient ensuite un mal de gorge et une petite gêne pulmonaire, la première phase se concentre dans la sphère ORL. Une deuxième phase peut arriver, pulmonaire, et qui peut en effet s'aggraver. Mais il faut bien rappeler que 98% des personnes qui vont contracter cette infection en guérissent, c'est important de le souligner.

Vous vous êtes aussitôt inquiété pour vos proches ?

EC
Naturellement. J'ai aussitôt pris contact avec toutes les personnes avec qui j'ai été en contact. Les soignants nous demandent d'en parler aux personnes qu'on a côtoyées dans les 48h qui précédent les premiers symptômes. Là aussi, on ne le dit pas assez, mais nous sommes tous potentiellement porteurs sains et celles et ceux qui sont asymptomatiques peuvent néanmoins le transmettre, ce qui peut être fatal aux personnes en état de faiblesse de par une pathologie, l'âge ou un état de santé plus fragile. D'où l'absolue nécessité de respecter ce confinement, de rester chez soi et de ne prendre aucun risque pour les autres.
 

Vous veniez de mener une campagne municipale, beaucoup de personnes vous ont approché, elles peuvent s'inquiéter ?

EC
Aujourd'hui nous n'en sommes plus à nous demander par qui on peut être touché. On voit bien hélas comment ce virus se propage et qu'il se propage vite. Des premiers cas apparaissent même dans des territoires qu'on pensait protégés. Les personnes avec lesquelles j'étais en contact proche se surveillent. Elles vont bien. Bien sûr qu'il y a une inquiétude, mais encore une fois, ce sera juste un mauvais passage pour 98% des personnes qui vont l'avoir.

Fallait-il maintenir ce premier tour des élections ?

EC
Si je vous réponds en tant que personnel soignant, ma réponse est naturellement et catégoriquement non. Beaucoup de médecins l'avaient déconseillé. Nos gouvernants ont estimé différemment. En tant que candidat, il fallait y aller et au coeur de cette campagne, il est évidemment plus facile de dire non, à postériori. Mais oui, je suis allé voter et j'ai tenu un bureau de vote pendant 6h, même si nous avons tous respecté les consignes de sécurité sanitaire et que depuis déjà plus d'une semaine, nous ne manifestions plus de signes de proximité, comme se serrer la main ou faire la bise.

Vous estimez aujourd'hui que les mesures prises sont suffisantes ?

EC
Non, je suis furieux de constater une impréparation politique. Viendra le temps où des comptes seront demandés. Pour l'heure il est bien sûr évident de se concentrer sur cette crise sanitaire, mais quand je vois que les marchés ouverts sont seulement interdits aujourd'hui, je constate qu'on n'a pas tiré expérience de la Chine, où se trouve l'origine de la propagation.

L'hôpital public que vous défendez était déjà exsangue et en grève pour le crier. Pensez-vous qu'il va pouvoir tenir face à cette crise sanitaire majeure ?

EC
Et oui parce que justement c'est l'Hôpital Public, avec ses valeurs, avec son esprit profond de dévouement et de service à la population. On le voit une fois encore, il n'y a pas besoin d'appeler le personnel soignant qui peut se rendre utile, il se manifeste spontanément. Moi-même je m'étais manifesté et ce qui m'arrive m'affecte davantage parce que justement je ne peux plus leur prêter main forte. J'ai commencé en 1988 par trois semaines de grève, la politique constante de casse du service public, je la connais. Quand s'arrêtera t-elle ? S'il faut espérer quelque chose de cette crise majeure, c'est qu'on en tire une leçon et qu'on donne enfin une vraie reconnaissance à l'Hôpital Public. Applaudir les soignants en ce moment, c'est bien, mais choisir, par son vote, une politique qui continuera à les valoriser, c'est encore mieux.

Il y aura un après ?

EC Oui évidemment. J'espère profondément que cette épreuve que nous traversons tous nous fera prendre conscience que notre sécurité passe par une re-territorialité économique, une relocalisation de notre industrie, garante d'une réactivité, nous avons en Creuse une entreprise qui fabrique du gel hydroalcoolique, une autre qui s'est mise à fabriquer des masques, nos circuits courts s'organisent... nous avons à tirer des leçons de ces quelques semaines pour voir les choses autrement après. Ce virus, peut-être comme d'autres dans l'avenir, nous expose. Ce que nous traversons est lié aux conséquences de la détérioration de notre environnement, du changement climatique, de la perte de la biodiversité, c'est notre devoir d'en prendre acte

 
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