Cet été, les Français se mettent au vert. La Corrèze, la Creuse et la Haute-Vienne ont attiré les touristes en juillet. Mais cette hausse de la fréquentation ne suffira pas à faire oublier une avant-saison passée à la trappe à cause du coronavirus.
En cette année si particulière à cause de l'épidémie due au coronavirus, le bilan touristique de l'été devrait être bon, voire très bon pour le Limousin, si l'on en croit le mois de juillet qui vient de s'achever. Les vacances à l'étranger étant compliquées, voire impossibles pour certains pays dont les frontières sont fermées, les Français se contentent pour la plupart de l'Hexagone. Une situation dont profite la région, à commencer par la Creuse, normalement connue pour être le département le moins touristique de France.
S'il faudra attendre des bilans nationaux pour voir si le département cède cette place en 2020, il est d'ores et déjà certain qu'il suscite cette année un intérêt rarement vu. "Nous avons trois fois plus de demandes d'information que d'habitude, et la fréquentation du site internet tourisme-creuse a doublé", fait savoir Sébastien Debarge, directeur du Comité départemental du tourisme de la Creuse.
Il poursuit : "De ce que les offices de tourisme entendent, beaucoup de vacanciers ont choisi la Creuse car nous avons relativement été épargnés par le virus. La position centrale du département est un autre atout."
Les touristes étrangers moins nombreux
Dans la Creuse, mais aussi en Corrèze et en Haute-Vienne, même constat : l'activité a démarré tôt, dès le début du mois de juillet, alors que les deux premières semaines sont d'ordinaire assez calmes.
En revanche les touristes étrangers sont, comme attendus, moins nombreux que les années précédentes. "Les Belges, Allemands ou Néerlandais sont moins présents dans les campings, constate Laurianne Roux, chargée d'études et d'observation touristique pour l'agence Corrèze Tourisme. Mais ils viennent souvent fin juillet, peut-être arriveront-ils en août."
Côté fréquentation française, les touristes viennent de régions nouvelles, comme les Hauts-de-France ou les Pays de la Loire, constate-t-on à l'office de tourisme de Limoges. Et les durées de location s'allongent : les réservations de deux semaines sont plus nombreuses qu'avant, signe peut-être d'un besoin de se (re)poser et de s'aérer après les semaines passées confinés.
Ruée vers les gîtes
Les grands gagnants de la hausse de la fréquentation touristique sont incontestablement les gîtes. En Corrèze, Gîtes de France parle d'une hausse de 32% de la fréquentation par rapport à juillet 2019. Une véritable ruée donc, observée dès la levée de la limitation des déplacements à 100 kilomètres.
Le même phénomène est observé en Haute-Vienne, alors que la chambre d'hôtes, elle, rencontre moins de succès. Marie Dumaître, directrice des Gîtes de France 87 a une explication : le concept de chambre d'hôtes n'est pas forcément très compatible avec les impératifs de distanciation sociale. "Il y a quand même cette notion de partage d'un lieu, relève-t-elle, ce qui n'est évidemment pas le cas avec les gîtes, et c'est bien ce qui a fait leur succès cette année : la possibilité de privatiser complètement un lieu."
Les pertes du printemps ne seront pas compensées
Le tableau n'est cependant pas sans ombre. Toute la région ne voie pas un afflux de touristes, comme le souligne Laurianne Roux, pour la Corrèze : "Brive et Tulle par exemple sont plus en souffrance que les grands espaces. Les villes sont pénalisées par l'annulation des animations, comme le Brive festival."
Autre bémol, et pas des moindres. Un bel été ne sera pas suffisant pour rattraper toutes les pertes du printemps. "Même avec une excellente saison, on ne compensera pas une activité à 0 pendant deux mois", déclare la chargée d'études. La clientèle d'avant-saison, celle qui vient d'avril à juin, viendra peut-être l'année prochaine, mais pas cet été. Une perte d'autant plus importante que cette clientèle est souvent composée de seniors en voyages organisés, qui dépensent plus que les touristes de l'été.
Certains hébergeurs ou prestataires d'activité, fortement touchés par les pertes du confinement, ont d'ailleurs décidé de ne pas rouvrir du tout cet été. C'est le cas notamment du Village Vacances de Neuvic, en Corrèze.
Enfin, tant que le virus circulera, la menace d'une reprise de l'épidémie planera sur le secteur du tourisme. "On croise les doigts pour éviter un reconfinement", déclare Laurianne Roux. Un tel scénario serait "catastrophique" pour une économie déjà mise à mal.