Ce jeudi, plus de trois cents personnes étaient réunies pour commémorer les quatre-vingts ans du massacre du bois de Thouraud (Creuse). Le 7 septembre 1943, les nazis attaquaient pour la première fois un maquis français : douze résistants perdirent la vie, déportés ou fusillés.
"Roger Janvier : mort pour la France..." Quatre-vingts ans après, leurs noms résonnent encore dans le bois de Thouraud. "Gabriel Brunet : mort pour la France..." Le maître de cérémonie les égraine un à un, solennellement, micro en main. Plus de trois-cents personnes sont venues rendre hommage à ces héros, dont le souvenir reste vivace en Creuse.
"C'est un moment important, chuchote Valérie, un peu à l'écart de la foule. J'assiste à ce genre d'événement dès que je le peux. Mon grand-père était lui-même résistant, dans un autre maquis, donc cela me tient à cœur." D'autres spectateurs ont connu personnellement les maquisards. C'est le cas de Christian, âgé de soixante-huit ans, qui relate spontanément une anecdote au sujet de Marcel Dubreuil, rescapé d'Auschwitz : "Marcel Dubreuil, dit Bouboule, a été mon premier coiffeur, raconte-t-il. J'étais gamin, j'avais cinq ans. Il avait son tatouage de Birkenau sur le bras. Je lui ai demandé pourquoi il avait écrit ça et que la maîtresse allait le disputer ! J'avais cinq ans, avec toute mon innocence..."
Le premier maquis français attaqué par les nazis
Le camp de Maisonnisses constitue le premier maquis français attaqué par les nazis. Le 7 septembre 1943, sept résistants sont fusillés. Huit autres sont déportés, dont deux agriculteurs locaux venus en aide aux combattants. Seuls trois d'entre eux survivront aux camps de la mort.
Un Américain fait même partie des maquisards tués par les Allemands : John-Allan Collomb. Né à Los Angeles, il était le fils d'un sammy de la Première guerre mondiale tombé amoureux d'une Creusoise, revenue en France avec son enfant durant les années 1920. "Lorsque ses camarades ont voulu échapper au STO, il les a suivis par fraternité, camaraderie et envie de défendre la France, explique André Rakoto, historien. Lui-même n'était pas concerné par le STO, étant américain. Donc c'est d'autant plus courageux d'avoir suivi leurs pas, de s'être retrouvé avec eux dans le combat."
Une conférence d'historiens est organisée ce samedi, à Sardent
Un livre consacré à cet épisode majeur de la Résistance creusoise est paru cette année : "Le massacre du bois de Thouraud", aux éditions de La Geste. Cet ouvrage écrit par trois historiens (Guy Avizou, Christophe Moreigne et Christian Penot) retrace chaque détail de l'événement, à l'aide de nombreuses photos d'archive. Ce samedi 9 septembre, à 18 h 30, une conférence est organisée à Sardent, en présence des auteurs.