Lors de l’été 2018, une douzaine de voitures ont brûlé à Guéret. Un prévenu âgé de 52 ans était jugé jeudi 16 décembre 2021 par le tribunal correctionnel de la Creuse.
L’été 2018 a été marqué par une série d’incendies de voitures à Guéret. L’affaire a suscité un vif émoi dans la population de la petite ville préfecture. Les habitants sont allés jusqu’à mettre des webcams à leurs fenêtres pour tenter de confondre l’incendiaire. Le SRPJ de Limoges a été chargé de l’enquête.
Ce dossier n’est pas banal. Guéret a eu peur pendant plusieurs mois. C’était le sujet qui inquiétait les habitants. La vie de mes clients a été bouleversée. Toutes ces personnes ont, pendant plusieurs mois, vécu dans ce sentiment d’insécurité, en se réveillant dans la nuit.
Maître Guillaume Viennois, avocat de 2 des parties civiles
Le prévenu a fini par être confondu grâce à des caméras de vidéosurveillance. Les policiers se sont rendu compte qu’il était sorti de chez lui, puis était rentré juste après le déclenchement d’un feu. Ils l’ont interpellé le lendemain matin.
Il est suspecté de 8 incendies de voiture et en a reconnu 7.
Pulsions à répétition
M Vidal est âgé de 52 ans. Il est maçon et tailleur de pierre. Il habite en Creuse depuis une trentaine d’années.
Le président du tribunal lui a demandé de s’expliquer ainsi : « Vous avez fait peur au public qui aujourd’hui veut comprendre. »
Le prévenu a alors dit tout son mal être aux juges. Victime de problèmes de santé et d’une consommation d’alcool excessive, il a mal vécu la mort de ses animaux de compagnie : «J’avais de grosses difficultés pour me déplacer. Je me levais à 4 heures du matin, je me rendormais. J’allais au bar tous jours jusqu’à 13 ou 14 heures. Je buvais 2 à 3 litres de bière et un litre de rhum par jour. Je me renfermais de plus en plus sur moi-même. On m’a volé ma moto. Mon chien a été attaqué et j’ai dû le faire piquer ».
Pour expliquer les incendies, il a parlé de pulsions : « Je rentrais chez moi, je me mettais accroupis et je brûlais une voiture. Ce n’était pas réfléchi. Ensuite, j’étais honteux.»
Condamné
Au moment de ses réquisitions, le procureur de la République a rappelé que la mise à feu d’une voiture prenait beaucoup de temps et ne pouvait être assimilée à une pulsion. Il a donc demandé 12 mois de prison dont 8 avec sursis probatoire et l’interdiction de fréquenter le quartier dans lequel les faits ont été commis.
L’avocat du prévenu a rappelé que son client vivait toujours en couple avec sa petite amie et avait retrouvé du travail. Sa situation semble donc stabilisée.
Au final, le tribunal correctionnel de Guéret est allé au-delà des réquisitions du parquet, condamnant M Vidal à 18 mois de prison dont 4 ferme et donc 14 avec sursis. Puisqu’il a déjà effectué 4 mois de détention provisoire, il a pu ressortir libre de l’audience. S’il avait de nouveau à faire à la justice dans les 5 ans, les 14 mois de prison avec sursis pourraient redevenir fermes. Il est aussi assujetti à une obligation de soin, de travail et de formation.
Non-lieu pour les autres incendies
Le prévenu n'a été confondu que dans le cadre de 8 affaires d'incendie. Il y en a eu 12 au total.
Pour les 4 dernières, les enquêteurs n'ont pas réussi à réunir assez de preuves. La justice s'est donc résignée à prononcer un non-lieu.