Le collectif « Plus jamais ça ! » s’implante en Creuse. Il rassemble syndicats, associations, partis de gauche et ONG. Il va organiser une grande manifestation le 18 décembre à la Souterraine.
Le collectif creusois entend s’appuyer sur des cas concrets pour dénoncer les ravages d’un capitalisme incontrôlable. Le choix de la Souterraine pour organiser la première manifestation n’est pas un hasard. L’avenir de l’usine GM&S / LSI est dans toutes les têtes. La semaine prochaine, l’usine va avoir recours à un deuxième jour de chômage partiel. Un nouveau mauvais signe pour la survie du site sostranien.
« Les constructeurs ne respectent définitivement pas leur parole. PSA devait nous garantir 12 millions de chiffre d’affaire en 2021, nous sommes à 3. Renault est à 5 millions au lieu de 10. Les fonds mis sous séquestre au moment de la reprise de l’usine par GMD en 2017 vont s’épuiser d’ici la fin de l’année. Ils ont servi à payer les salaires plutôt qu’à investir » explique, désabusé, Patrick Brun, représentant du personnel CGT.
« La gestion depuis la reprise par GMD est la pire que j’ai connu. Il n’y a plus de RH sur site, la tôlerie qui aurait pu nous permettre de nous affranchir des constructeur automobiles a été vendue. Et les 2 millions promis pour la cataphorèse n’arrivent qu’au compte-goutte » ajoute encore le syndicaliste. « C’est une année électorale, on compte bien s’en servir comme il y a 5 ans. On ne va pas crever sans faire de bruit ».
« On veut recentrer le débat pré-électoral sur des problématiques plus concernantes : l’emploi, l’industrie, les services publics. Ça intéresse plus les gens que l’immigration et les autres sujets portés par l’extrême droite » explique Laurent Margueritat, secrétaire départemental de la CGT en Creuse. Le leitmotiv est posé. C’est le combat que doit mener le collectif « Plus jamais ça ! ». Composé au niveau national d’une vingtaine d’organisations, syndicats (CGT, FSU, Solidaires, la Confédération paysanne), ONG (Greenpeace, Oxfam, Attac), le collectif s’est constitué en janvier 2020 via la publication d’une tribune dans le JDD. Un appel pour trouver une nouvelle voie face aux crises climatiques, sanitaires et sociales.
En Creuse, il rassemble sensiblement les mêmes associations (Comité de défense des services publics, MODEF, Confédération paysanne). L’idée de rejoindre ce mouvement a été lancée pendant la fête de la Montagne Limousine cet été.
En se basant sur l’exemple GM&S, le collectif entend démonter les contradictions du gouvernement. « Le plan de relance est censé réindustrialiser le pays. C’est la volonté affichée mais concrètement, sur le terrain, on laisse filer les savoir-faire. Comment relocaliser les productions si on laisse les sous-traitants s’effondrer ? Les stratégies industrielles menées à l’échelle de notre département ne nous semblent pas aller dans la bonne direction » dénonce Laurent Margueritat.
Le sous-traitant automobile ne serait pas la seule entreprise fragilisée du territoire. Les représentants du personnel d’Eurocoustic à Genouillac (groupe Saint-Gobain), Sauthon à Guéret ou Dagard à Boussac s’interrogent également sur les stratégies industrielles à long terme de leur employeurs.
La production d’isolants d’Eurocoustic est polluante. En 2027, certains composants seront interdits. Quid des investissements pour moderniser le site ? De la même manière, selon les syndicalistes, Dagard pourtant leader de la fabrication de salles blanches a été racheté par le numéro 2 du secteur qui semble plus intéressé par l’appropriation des savoirs faire que par l’avenir du site creusois. Chez Sauthon, un jour de chômage partiel a été imposé et la stratégie semble être de descendre en gamme alors que l’entreprise est spécialisée sur les meubles de bébé sécurisés et qualitatifs. Un catalogue à la Prévert qui traduit la crainte du déclassement de certains personnels de ces entreprises.
Pour « Plus jamais ça » il faut donc un plan de rupture plus qu’un plan de relance. Rupture avec les excès du capitalisme qui précarisent certains territoires ruraux.
« Il faut des services publics pour attirer l’emploi. Un bon hôpital, de bonnes écoles, des bureaux de Poste. Le tout virtuel, le tout concentré dans les métropoles dessert les territoires ruraux » plaide Cathy Jean du comité pour la défense des services publics. « La mobilisation que nous envisageons pour le 18 décembre ne sera pas que dans le constat. Nous voulons positiver et mettre en avant des solutions ! »