Benjamin Carle et David Lopez viennent de publier « Sortie d’usine », une BD qui retrace la lutte des ouvriers de l’usine GM&S à la Souterraine en Creuse et évoque la désindustrialisation du pays.
Après le film "On va tout péter" de Lech Kowalski consacré au combat des GM&S en 2017 pour la pérennité de leur activité sur le site de La Souterraine (Creuse), les ouvriers de l’usine se retrouvent dessinés dans une BD, disponible en librairie depuis le 18 mars 2021.
Benjamin Carle, journaliste et documentarist,e basé à Paris, et le dessinateur David Lopez, ont découvert l’histoire des Creusois dans les médias nationaux et ont décidé de s’intéresser à leur histoire un an après la reprise de l’usine par le groupe GMD et d’élargir le sujet aussi.
« Je m’intéresse au sujet de la désindustrialisation et le cas des GM&S permettait de retracer leur histoire et ce thème. C’était un bon terreau narratif » souligne Benjamin Carle.
Les deux auteurs sont ensuite venus à plusieurs reprises rencontrer et « croquer » notamment les quatre leaders de la lutte passée et toujours actuelle : Vincent Labrousse et Jean-Marc Ducourtioux, licenciés ainsi que Yann Augras (disparu en juin 2020) et Patrick Robert toujours sur le site.
J’ai voulu raconter cette organisation de la lutte et les rapports humains.
Proposition de loi
A partir de ces témoignages ainsi que ceux d’anciens patrons ou délégués syndicaux, Benjamin Carle a voulu remonter l’histoire de l’entreprise de sous-traitance automobile créée en 1963, « première usine du département dans un contexte de chute du secteur agricole ».
« 57 ans et une dizaine de repreneurs et de redressements judiciaires plus tard, la plus grande entreprise de la Creuse ne compte plus que 120 employés, soit près de quatre fois moins que dans les années 1980 » précise le livre.
Et si les vidéos sont nombreuses pour l’année 2017, les documents sont beaucoup plus rares avant. « Avec la BD, on a cette chance de pouvoir raconter tous les moments clés » insiste cet homme d’images.
Au final, le journaliste pense que les GM&S ne sont pas « un cas isolé d’un bastion industriel français qui n’en finit plus d’être sur le point de disparaître. »
Petite note d’espoir, l’auteur évoque la proposition de loi portée par les leaders de GM&S, et désormais LSI, concernant la responsabilité des donneurs d'ordres (NDLR : constructeurs automobiles) vis à vis des sous-traitants, des emplois et des territoires.
« Il faut espérer que les rapports de force changent » conclut Benjamin Carle.