Faut-il retirer la croix du portail du cimetière de Saint-Sulpice-le-Guérétois ? Oui selon la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat en faveur de la laïcité car la croix aurait été installée bien après 1905. Mais cela n'est pas du goût de tous.
Des insultes sur le site internet de la mairie de Saint-Sulpice-le-Guérétois en Creuse ou par le biais des réseaux sociaux. La polémique enfle après l'annonce du maire d'enlever la croix du portail du cimetière. Celui-ci doit être restauré et selon, Claude Guerrier, maire de la commune, ce portail est hors la loi car construit entre les années 1930 et 1960 et donc installé après 1905. Donc hors la loi aux yeux de la dîte loi.Mais cette affaire prend une telle ampleur que l'édile ne souhaite plus en parler. Selon lui, il s'agit juste de restaurer un portail vieillissant et ainsi le mettre en conformité avec la loi. Pour lui, cette affaire est montée en "épingle" et il ne souhaite pas s'exprimer devant les caméras de France 3 Limousin.
Que dit cette loi du 9 décembre 1905 ?
Cette loi se veut conforme à la devise républicaine. Par l'article 1er, l'Etat garantit la liberté de conscience, c'est-à-dire le droit de ne pas être croyant, ou de croire, et la liberté de culte si on l'est. Par l'article 2, l'Etat, les départements, les communes assurent leur neutralité à l'égard des citoyens, en refusant d'accorder des avantages spécifiques à certains en raison de leurs pratiques cultuelles. Cette loi de 1905 a inventé la laïcité à la française.
Pourquoi une telle polémique ?
Enlever la croix du portail du cimetière de Saint-Sulpice-le-Guérétois semble porter atteinte à certaines personnes, y compris à des personnes domiciliées à l'extérieur de la Creuse. Certains revendiquent pour la France le droit sur les réseaux sociaux de conserver toutes les croix car la France est à l'origine un pays chrétien. D'autres se sentent menacés par la montée de l'Islam.Loin de toutes ces préoccupations, Claude Guerrier, le maire de Saint-Sulpice-le-Guérétois, souhaite simplement être en accord avec la loi de 1905.
Objectif : éviter qu'une plainte ne soit déposée à l'encontre de la commune pour manquement au principe de laïcité.
Les textes de la loi sont très clairs. Il est désormais interdit d'édifier des signes religieux sur des biens communaux. Les calvaires ruraux, eux, ne devront pas être enlevés, car installés avant 1905.
Pour le maire, la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat doit être appliquée totalement. C'est une question de principe, rien à voir avec la religion. "On n'est pas sur le terrain des croyances mais sur celui de la légalité" nous a expliqué par téléphone le secrétaire général de la mairie de Saint-Sulpice-le-Guérétois.
D'ailleurs le maire ne se positionne pas du tout contre la religion chrétienne ou catholique. La mairie étant propriétaire de l'Eglise, l'édile compte bien réaliser prochainement les travaux nécesaires pour conserver au mieux cet édifice religieux.
Polémique quasi identique dans la Vienne
La croix du portail du cimetière de Prinçay dans la Vienne doit-elle être enlevée ou non ? En tout cas, un particulier, fils d'un défunt inhumé dans la commune, a porté plainte contre la commune car il estime que cette croix bafoue la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat.La municipalité a alors saisi le tribunal administratif de Poitiers qui a, lui-même, saisi la plus haute juridiction française. Le Conseil d'Etat a rendu son avis : si le portail et sa croix ont été installés avant 1905, ils peuvent rester en place. S'ils sont ultérieurs à 1905, ils doivent être retirés car hors la loi. Seul problème, personne ne sait quand a été installé ce portail et sa croix à Prinçay.
Tous les détails dans ce reportage de France 3 Poitou-Charentes à lire ici.
25 cimetières en France seraient dôtés d'une croix sur leurs portails, ces deux affaires de Prinçay et Saint-Sulpice-le-Guérétois sont donc loin d'être anodines.