Dans un long entretien accordé à France 3 Limousin, la ministre des Outre-Mer Ericka Bareigts dresse un premier bilan des travaux de la commission gouvernementale d'experts sur les "Réunionnais de la Creuse". Elle annonce plusieurs mesures en faveur des victimes de cet exil forcé.
Entre 1962 et 1982, 2 150 enfants et adolescents réunionnais ont été enlevés à leur famille par la DDASS et envoyés en métropole sans billet de retour.
La majorité d'entre eux ont atterri en Creuse, dans des foyers, des fermes ou des familles d'accueil.
Quelques-uns ont été bien acueillis. Beaucoup ont été maltraités.
Tous ont été définitivement coupés de tout lien avec leurs racines et leur famille restée à la Réunion.
La plupart souffrent encore des séquelles psychologiques de cette enfance brisée.
En février 2014 la députée de la Réunion, Ericka Bareigts, a fait adopter par l'Assemblée nationale une résolution mémorielle qui reconnaissait la responsabilité morale de l'état français dans le drame vécue par les "Réunionnais de la Creuse".
Il y a un an la précédente ministre des Outre-Mer, George Pau-Langevin, a créé une commission gouvernementale d'experts chargée d'établir les faits et les responsabilités dans cette affaire et de faire des propositions pour aider les victimes.
La Réunionnaise Ericka Bareigts a succédé à Georges Pau-Langevin au ministère des Outre-Mer.
Dans un long entretien qu'elle nous a accordé, elle dresse un premier bilan des travaux de la Commission et annonce les premières mesures du gouvernement.
une aide financière et psychologique pour les Réunionnais victimes de l'exil forcé
Le gouvernement va financer 90% du coût du billet d'avion pour les victimes de l'exil forcé qui voudront retourner à la Réunion pour retrouver leur famille.
Il financera également 95 % des frais d'hébergement sur place pendant les 3 premiers jours.
Les ex-pupilles transplantés qui le souhaiteront pourront bénéficier d'une aide psychologique que ce soit en métropole ou à La Réunion.
Ils pourront bénéficier de l'aide de la Fédération Nationale de l'Aide aux Victimes et de Médiation (INAVEM).
Enfin, le déontologue de l'Assemblée Nationale, Ferdinand Mélin-Soucramanien, sera chargé de garantir juridiquement toutes les mesures issues des travaux de la commission d'experts.
Enfin, Ericka Bareigts souhaite que les travaux des historiens de la commission chargés d'établir les faits et les responsabilités dans cette affaire soient largement diffusés.
Seule ombre au tableau : la commission gouvernementale ne doit rendre ses travaux et ses propositions définitives que dans un an, en février 2018. D'ici là, une alternance politique pourrait remettre en cause son travail et ses préconisations.
On se souvient qu'en 2014, à l'Assemblée Nationale, les députés de droite avaient refusé de voter la résolution mémorielle pour ne pas entâcher la mémoire de Michel Debré.
Même s'il n'en est pas à l'origine, l'ancien Premier ministre du Général de Gaulle et député de la Réunion avait été l'un des principaux organisateurs de la douloureuse migration forcée des jeunes Réunionnais.
VIDEO : l'interview intégrale d'Ericka Bareigts, ministre des Outre-Mer