Après une vie bien remplie en région parisienne, cette native de la Creuse est revenue sur sa terre natale. Incapable d’inactivité, Claudie exploite aujourd’hui un autre de ses talents, le dessin, pour une broderie de 75 mètres sur l’histoire de Crozant. Témoignage.
Après une vie bien remplie, Claudie Blanchard, 86 ans, habite à Dun-le-Palestel. Elle est de retour dans sa Creuse natale. Elle y a passé son enfance, d'abord à La Villetelle, à Crocq puis à Aubusson. C'est lorsqu'elle décroche son bac à dix-sept ans qu'elle se décide à quitter son cocon.
La vie à la Parisienne
Elle part pour Paris afin d'étudier le commerce. HEC, prestigieuse école, lui ouvre ses portes : c'est le début d'une aventure pour cette jeune fille boursière. Elle se souvient : "À l'époque, c'était tout à fait différent de maintenant, parce qu'il y avait les garçons d'un côté, les filles de l'autre. Nous, on était dans un magnifique hôtel particulier, avenue Raymond-Poincaré dans le XVIᵉ... Pouh, pouh, pouh.... J'avais seulement une copine, qui comme moi, venait de la lointaine province, dans un petit trou perdu. On était toutes les deux bien timides au milieu des autres. Mais, ça se passait très bien !"
J'avais seulement une copine, qui comme moi, venait de la lointaine province, dans un petit trou perdu.
Claudie Blanchard, retraitéeFrance 3 Limousin
Elle découvre la capitale et ses monuments. S'acclimater à la vie parisienne n'a pas été une mince affaire. Elle tient pour exemple la première fois où elle a dû traverser une grande avenue :"Il n'y avait pas de feu rouge dans la Creuse, et quand j'ai dû traverser cette grande avenue avec deux voies d'un côté, deux voies de l'autre, un terre-plein central au milieu, je me suis dit "ma fille comment tu fais pour traverser ?" Sur le terre-plein central, il y avait un flic... Il faisait des grands gestes... Je savais pas... Finalement, je me suis décidée à traverser, sans doute à contre-temps. Et quand je suis passée devant lui, il a dit "Mais quelle gourde !" Depuis, je sais traverser une avenue, comme il faut, ça m'a servi de leçon !"
"C'est comme si on revenait chez nous"
Son pays et ses racines lui manquent. Heureusement, à Paris, de nombreux Creusois sont présents. Lors d'un bal, on lui demande si elle sait danser la bourrée. C'était une proposition d'un groupe folklorique creusois appelé "Les enfants de la marche". Pour Claudie, c'était comme un petit bout de chez elle à Paris. "On était entre nous, ça parlait même patois, c'est comme si on revenait chez nous, tous les vendredis soir."
Retour à la maison
Mon mari est aussi chauvin que moi.
Claudie Blanchard, retraitéeFrance 3 Limousin
Claudie Blanchard est une élève brillante. Elle se classe troisième à HEC. Cette même année, elle épouse Raymond, un Creusois, maçon et saxophoniste. Elle l'a rencontrée dans le groupe folklorique. Ensemble, ils ont deux enfants et créent leur entreprise de bâtiment spécialisé dans la réparation des malfaçons, toujours en région parisienne... jusqu'à la retraite.
"Nous n'avons jamais eu l'idée d'aller ailleurs que dans la Creuse pour la retraite. L'idée ne nous a même pas effleuré l'esprit." Sa moitié est du même avis. "Mon mari est aussi chauvin que moi", plaisante-t-elle.
Son amour pour la Creuse est inconditionnel : "Quand j'entends à la télévision, c'est au fin fond du monde, c'est dans la Creuse. Mais ils n'ont qu'à y venir voir dans la Creuse ! Ils verront que c'est bien."
Dans ce dernier chapitre de sa vie, Claudie exploite aujourd’hui un autre de ses talents, le dessin. Elle souhaite faire une broderie de soixante-quinze mètres sur l’histoire de Crozant. C'est un loisir qu'elle partage avec les habitantes de Dun. Dans ce groupe, elle distribue joyeusement son énergie et son humour.