Professeur des écoles depuis 28 ans, Cédric Biélarz enseigne à l'école Chéniers en Creuse. Il a en charge plusieurs niveaux de maternelle et de primaire. Une situation déjà difficile qui pourrait s'accentuer dans cette école rurale avec la fermeture d'une classe à la rentrée prochaine.
"Il ne faut pas que les enfants aient besoin de nous, sinon, ce n’est pas possible."
Assis à la table d'un de ses groupes d'élèves, Cédric Biélarz enseigne à l'école Chéniers de Creuse. Professeur depuis 28 ans, il a à cœur de faire correctement son travail. Et pourtant, il ne le pratique pas dans les conditions qu'il aimerait. Car dans cette école de 20 élèves, huit niveaux sont répartis entre deux professeurs.
Jongler entre tous ces niveaux ne lui permet pas, selon lui, d'assurer un suivi optimal des enfants.
J’aurais dû être avec eux (le groupe d'élèves) depuis le début. J’ai dû aider mes grandes-sections qui n’arrivaient pas à faire leur travail. (...) Là, j’ai mes CP qui ont besoin de moi parce qu’ils ne trouvaient pas la bonne fiche. On court en fait. Là, je vais les laisser pour aller revoir les autres alors que j’aurais voulu être avec eux. On se disperse, on se disperse trop.
Cédric Biélarz, professeur des écoles.France 3 Nouvelle-Aquitaine
"Là, il faudrait que je vérifie que mes CP tiennent bien leur stylo"
Il a en charge quatre niveaux de la maternelle à la primaire : des classes avec des notions d'apprentissage fondamental comme la lecture, l'écriture, le vocabulaire. L'enseignant estime ne pas avoir le temps de se consacrer pleinement à chacun, au détriment, selon lui, des élèves le plus en difficulté : "On ne peut pas, en même temps, apprendre des choses très difficiles comme les fractions en CM1, faire de la phonologie, donc du vocabulaire. Apprendre des mots au moyen, si on ne dit pas les mots. Il faut qu’on soit là. La petite qui s’est trompée entre le rhinocéros et le kangourou, si on n’est pas là, elle ne le saura pas. Il y a des moments quand on fait de l’anglais, il faut qu’on soit avec eux, il faut qu’on parle."
Là, il faudrait que je vérifie que mes CP tiennent bien leur stylo. Est-ce qu’ils font les boucles dans le bon sens, pour après écrire en attaché ? J’essaie de le voir, mais en fait, je ne peux pas le voir.
Cédric Biélarz, professeur des écolesFrance 3 Nouvelle-Aquitaine
Déjà tendue, la situation risque de s'aggraver. L'une des deux classes de cette école fait partie des 19 fermetures de classes envisagées pour la rentrée 2023. Il ne restera à Chéniers qu'une classe composée de neuf niveaux - trois élèves de très petite section doivent se greffer en janvier 2024 - et un seul professeur.
Une situation intenable pour ce professeur : "On devrait être partout et on ne peut pas le faire, à 9 niveaux ce n’est pas possible. Moi, je ne sais pas le faire en tout cas, je n’y arriverai pas et je n’ai pas débuté l’année dernière. Je sais quand même gérer, je pense. Mais là, 9, c’est trop compliqué."