Après 10 mois d'enquête, les raisons qui ont conduit Yohan Brunet à tuer trois de ses collègues des carrières Roy de Saint-Varent (79) lors d'une réunion du Comité Social Economique le 27 mai dernier, avant de mettre fin à ses jours, n'ont pu être établies. L'affaire a été classée sans suite.
Acte délibéré ou folie meurtrière, les familles des victimes, les collègues, les membres de la CFDT dont Yohan Brunet faisait partie, nul n'aura de réponses aux questions qui se posent quant aux raisons du passage à l'acte de cet employé des carrières Roy le 27 mai 2020.
Effondrés mais soulagés de pouvoir évoquer l'affaire, les familles des trois victimes tuées, les deux victimes blessées et les témoins directs de la scène ont été reçus ce lundi 22 mars par le procureur de la République de Niort, qui leur a confirmé "qu'en raison du décès de l'auteur, il ne pouvait que constater l'extinction de l'action publique et classer le dossier."
Ce 27 mai 2020, peu après 15h, Yohan Brunet avait fait irruption dans une réunion du comité social et économique de l'entreprise dont il était membre et avait abattu trois personnes, en blessant deux autres, au moyen d'une arme de poing, avant de se donner la mort.
Seule certitude : il a agit seul, sans complice
L'enquête a permis d'établir que Yohan Brunet était un passionné d'armes, adepte du tir sportif, et que l'arme utilisée, de type Glock calibre 9mm, était détenue légalement.
Agé de 36 ans au moment des faits, il n'avait jamais été condamné par la justice et aucun conflit avec l'une ou l'autre des victimes n'était connu.
Employé de la carrière Roy La Noubleau, vaste site d'extraction de granulats, depuis 2012, Yohan Brunet avait changé à plusieurs reprises de postes, sans pour autant que des difficultés soient pointées.
Suite au décès de son père en 2018, il s'était manifestement isolé, vivant seul et se renfermant au fil du temps, et après plusieurs arrêts de travail en 2019, il était tombé en dépression et exprimait un mal-être au travail.
Deux jours avant les faits, il avait passé une visite médicale, à l'issue de laquelle un avis d'inaptitude au travail avait été rendu. Les témoignages recueillis faisaient cependant ressortir qu'il avait plutôt bien pris cette nouvelle, voire même qu'il avait exprimé un soulagement.
Au terme des investigations, aucune explication claire n'a donc pu être établie concernant ce passage à l'acte tragique qui avait profondément choqué l'ensemble des habitants de la commune de Saint-Varent.
Le procureur de la République de Niort Julien Wattebled a précisé que "Tous ceux qui en ressentaient le besoin ont également été mis en contact avec l'association France victimes 79, présente sur site, pour poursuivre l'accompagnement mené depuis la commission des faits ou engager un suivi."
Reportage d'Alain Darrigrand, Romain Burot et Bénédicte Biraud