Près de six mois après la mobilisation contre la réserve de substitution de Sainte-Soline, la commission d'enquête "sur les groupuscules auteurs de violences" se déplace dans les Deux-Sèvres. Afin de mieux appréhender les événements du 25 mars dernier, huit députés ont rencontré des membres des forces de l'ordre présents ce jour-là, ainsi que des agriculteurs.
C'est un classique des enquêtes parlementaires : les députés complètent leurs auditions à l'Assemblée nationale par des visites de terrain. L'objectif du jour est de prendre le pouls des Deux-Sèvres alors que la réserve de substitution de Sainte-Soline est un des symboles les plus récents et marquants des violences commises lors de manifestations.
Patrick Hetzel, député Les Républicains est le président de la commission d'enquête "sur les groupuscules auteurs de violences" qui s'intéresse aux manifestations et rassemblements intervenus entre le 16 mars et le 3 mai 2023. Il constate l'évolution des modes de mobilisations : "On a deux décennies où on voit que ça se déploie mais en tout cas, on note de plus en plus aussi des formes de plus en plus organisées, avec plus aucune inhibition par rapport au recours à cette violence et ça, ça doit nous inquiéter."
Pour appuyer leur récit des événements, les gendarmes avaient préparé un échantillon des quelque 300 objets saisis lors de la dernière manifestation contre mégabassines à Sainte-Soline le 25 mars dernier, comme autant d'arguments de la préméditation des violences commises : "Les agriculteurs ont ramassé près de six tonnes de pierres qui étaient entreposées, il y avait vraiment une chaîne logistique d'approvisionnement", affirme le Général Samuel Dubuis, commandant de la gendarmerie de la région Nouvelle-Aquitaine.
C'est la méthode de la tortue romaine, un groupe compact qui se protège et avance tout en lançant des projectiles. Les députés ont également interrogé l'utilisation de quads par les gendarmes, qui a fait polémique. Le Général explique les avoir choisis afin d'avoir une meilleure vision des actions des manifestants dans la profondeur, ainsi qu'une meilleure dissuasion grâce à des tirs lacrymogènes. L'intervention d'un médecin gendarme pour prodiguer les premiers secours a également été abordée : "Son action a été décisive, et en revenant, de nouveau il a été confronté à du harcèlement incroyable", a-t-il souligné. "Quand je prends la décision d'envoyer ce médecin à l'extérieur, c'est une décision qui est extrêmement compliquée, au moment où mes gendarmes aussi sont blessés."
De nombreuses auditions pour évaluer la situation
La visite des députés s'est poursuivie avec les auditions des représentants des agriculteurs. Les élus de la Chambre et les syndicats, à l'exception de la Confédération paysanne, absente, ont déploré la montée inédite des tensions entre agriculteurs.
"Ils utilisent le mot 'c'est la guerre de l'eau', malheureusement il y a une guerre aujourd'hui, il n'y a qu'à regarder en Ukraine, mais il faut deux belligérants pour faire une guerre, nous, on n'attaque pas", revendique Jean-Marc Renaudeau, Président de la chambre d'agriculture des Deux-Sèvres.
Les députés ont encore d'autres auditions au programme. Les organisateurs de la manifestation sont les prochains sur leur liste.
Reortage à Sainte-Soline de Marie-Ange Cristofari, Marine Nadal et Philippe Ritaine.