La décision du géant laitier Lactalis, qui a annoncé la réduction de 9 % ses collectes de lait en France, laisse un goût amer aux éleveurs. Finies les collectes dans les Deux-Sèvres. Les 20 producteurs laitiers du département devraient voir leurs contrats de livraison annulés d'ici un an. Une décision brutale, qui déstabilise le secteur.
"Bah là, c'est un dégoût vis-à-vis de Lactalis. Ils n'ont pas été sérieux avec nous. Ils auraient pu évoquer la chose bien plus tôt que ça. Ils nous prennent de court". Étienne Morin est dépité. Producteur de lait à Boussais dans les Deux-Sèvres, il est directement concerné par l'annonce du groupe Lactalis.
Un commercial lui a confirmé par téléphone que la collecte de lait ne passerait plus par son exploitation d'ici un an. Pour lui, c'est un bouleversement.
Ça fait 50 ans qu'on livre à Lactalis. C'est brutal.
Etienne Morinproducteur laitier dans les Deux-Sèvres
"C''est quand même radical dans une exploitation. Mon père a toujours livré à Lactalis. Mon grand-père a toujours livré à Lactalis. Ça fait 50 ans qu'on livre à Lactalis. Ça va faire un changement brutal." déplore Etienne Morin.
Trouver d'autres débouchés
Un million de litres de lait sortent de son exploitation chaque année. Étienne s'interroge : que va-t-il faire de sa production dans un an ? Comme lui, 20 producteurs laitiers du département vont devoir trouver d'autres débouchés.
Plusieurs options sont envisageables : "On a surtout une option aujourd'hui. Peut-être des laiteries qui seraient intéressées par notre lait, mais en AOP avec un cahier des charges plus contraignant qu'avec Lactalis, ce qui va imposer des investissements" explique l'éleveur.
Un secteur déstabilisé
Le géant laitier Lactalis veut réduire de 9 % ses volumes collectés en France. Les fermes des Deux-Sèvres, jugées trop éloignées des sites de production, ne seraient plus collectées.
À la chambre d'Agriculture, on reste pourtant confiant. Le lait qui ne serait plus collecté par Lactalis, devrait toujours trouver preneur. "Les entreprises sur notre territoire, sud Loire, ont une capacité à capter ce que Lactalis ne prendra pas, soit environ 80 à 90 millions de litres de lait", estime le vice-président de la chambre d'Agriculture 79 en charge de l'élevage, Christophe Limoges.
Dans les semaines qui viennent les réunions vont se multiplier à la chambre d'Agriculture, afin de retrouver un équilibre pour un secteur, aujourd'hui fortement déstabilisé.