La députée des Deux-Sèvres, Delphine Batho, présidente de Génération Ecologie a présenté un amendement cette semaine lors de l’examen de la loi d’urgence sanitaire, pour demander un dépistage massif du coronavirus. Son amendement a été jugé irrecevable. Interview.
Pourquoi est-ce si important de dépister massivement aujourd’hui ?
Delphine Batho : "Le dépistage systématique, c’est ce que demande l’Organisation Mondiale de la Santé depuis le début du mois de mars. Elle l’a même rappelé le 16 mars en insistant sur le fait que la France ne faisait pas ce qu’il fallait. Le dépistage permet de repérer toutes les personnes que l’on appelle asymptomatiques, c'est-à-dire celles qui sont porteuses du virus, qui sont contagieuses mais qui ne sont pas malades. Cela permet des stratégies beaucoup plus ciblées. Il est indispensable que la France prenne ce virage et développe une politique de dépistage massif."
La France a-t-elle suffisamment de kits de dépistage pour faire une campagne massive ?
D.B. : "Jusqu’à présent, la doctrine est de ne pas faire de dépistage massif. Mais je le répète, il y a une recommandation de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) et du Conseil scientifique français. La France a un retard et je demande des explications au gouvernement pour savoir pourquoi on est dans cette situation. L’Allemagne, elle, fait 160.000 tests par semaine.
Mon but n’est pas de polémiquer, parce que la situation est grave, l’urgence est que l’on prenne les bonnes décisions et que l’on rattrape le retard. La priorité est de dépister les soignants, les pompiers, les policiers, les gendarmes, les caissiers… toutes ces professions en contact avec le public."
Comment cette proposition d'amendement sur la loi d'urgence sanitaire a-t-elle été accueillie par les autres députés ?
D.B. : "L’amendement que j’ai déposé a été déclaré irrecevable car faire une politique de dépistage massif a un coût. Je crois que dans la situation actuelle, il ne faut pas compter et mettre les moyens nécessaires."