Plus d'une centaine d'agriculteurs ont manifesté la nuit dernière devant plusieurs super et hypermarchés près de Parthenay (Deux-Sèvres). Un coup de pression alors que se tiennent les négociations annuelles sur les prix payés aux producteurs.
Casino, Aldi, Lidl, Leclerc... Ils ont fait la tournée des enseignes de la grande distribution pour lui "rappeler ses droits et ses devoirs" envers les producteurs. Une centaine d'agriculteurs se sont mobilisés ce mercredi soir autour de plusieurs hypers et supermarchés de Parthenay (Deux-Sèvres) à l'appel des Jeunes Agriculteurs et de la FNSEA. Une démonstration de force pacifique alors que se tiennent actuellement des négociations annuelles pour déterminer les prix de vente des produits agricoles.
Dans le cortège des mécontents, Damien Aubineau. Éleveur porcin à Saint-Paul-en-Gâtine, il explique : " pour nous le prix d'achat est d'1,24€, nos coûts de production sont aujourd'hui d'1,40€ donc il nous faut au minimum 1,50€ pour qu'on puisse s'en sortir. Il y a un gros manque à gagner, car on perd environ 20 € par porc". À ses côtés, un éleveur bovin venu de Champdeniers acquiesce. "C'est tendu chez tout le monde. Les impôts n'arrêtent pas d'augmenter et le carburant a pris quasiment 200%" avance Guillaume Audurier.
La grogne est palpable parmi les manifestants. "Le monde agricole ne sera pas la variable d'ajustement " argumente Denis Mousseau, le président de la FNSEA 79.
Contractualiser les prix
Cette démonstration de force des agriculteurs, la première de l'année, intervient quelques jours après l'entrée en vigueur de la loi Egalim 2. Ce texte mis en place depuis le 1er janvier est supposé garantir une meilleure répartition de la valeur des produits agricoles en tenant compte des coûts de production, mais les manifestants jugent son application trop "tardive".
Surtout, ils ne veulent plus du système actuel qui prévoit que tous les ans à cette période, la grande distribution fixe de nouveaux prix de vente pour les produits agricoles. "Nous ce qu'on veut c'est contractualiser les prix sur plusieurs années pour assurer de la visibilité aux agriculteurs sur plusieurs années" a argumenté Thomas Gaillard, le président des JA 79, "c'est exactement ce qui est prévu par la loi depuis le 1er janvier".
Cette mobilisation intervient également dans un contexte tendu avec la grande distribution. Il y a quelques jours, l'enseigne Leclerc avait suscité la polémique en annonçant vendre une baguette de pain au prix imbattable de 0,29 €. "C'est un produit phare, un marqueur de l'inflation" avait alors déclaré Michel-Edouard Leclerc. "Les consommateurs mémorisent les prix. Nous nous sommes engagés à bloquer ce prix à un prix bas, pendant au moins quatre mois, parce que la loi nous oblige à mettre une date", avait-il poursuivi.
Des propos que les agriculteurs ne se sont pas privés de railler ce mercredi soir.
Depuis quelques jours, la grande distribution tombe dans la provocation et le mépris, donc on vient lui rappeler symboliquement et pacifiquement que le monde agricole ne sera pas soumis à son diktat.
Denis Mousseau, FNSEA 79
Reportage de Juliette Poissonnier, Laurent Gautier et Philippe Ritaine.