Le projet est porté par une enseignante de français du collège Louis-Merle de Secondigny (79). Son but : amener ses élèves à réfléchir à l’égalité entre les hommes et les femmes dans la société actuelle. Entre danse et slam, les collégiens pointent du doigt des inégalités.
Des jours, des nuits, des vies, à passer à pleurer, comment changer les coeurs pour plus d'égalité ? Des coups, des corps meurtris, quand tout ça va cesser ? Respect, c'est ce qu'on écrit, pour plus d'humanité."
Ces quelques phrases forment le refrain d'un clip enregistré par des élèves de 3e du collège Louis-Merle de Secondigny (79), dans le cadre du projet "Voix de femmes".
À l'origine de cette idée, il y a Marie Michaleck, une enseignante de français :
L'idée m'est venue en voyant ce qui se passait au collège : les élèves étaient sclérosés dans leurs idées et les stéréotypes. Certains garçons affirmaient encore que c'était aux filles de faire le ménage ou la cuisine. Je voulais que les élèves réfléchissent à la problématique de l'égalité hommes-femmes pour les aider à se construire en tant que citoyens.
Trois classes de 3e ont donc travaillé sur ce projet depuis le début de l'année. Parmi les 60 élèves concernés, 20 ont participé à une semaine d'écriture en décembre dernier. Avec l'aide de l'artiste Lhomé, ils ont écrit les paroles de leur clip.
J'ai trouvé ça intéressant car ça nous a permis de nous libérer de choses et d'émotions. Ça n'a pas été trop dur de savoir quoi écrire car l'intervenant nous a aidés. Il nous donnait un début de phrase qu'il fallait ensuite compléter, affirme Maïlys, 15 ans.
Voici le clip réalisé par les élèves et l'enseignante :
Quand on écoute "Voix de femmes", on est forcément touché par la véracité des propos tenus par les élèves. Tout y passe : de la représentation des femmes dans la société aux codes comportementaux imposés aux hommes. Les collégiens n'ont rien laissé de côté. "On a été vraiment époustouflés de lire leurs textes car ils sont juste vrais et percutants", assure Marie Michaleck.
[Extrait de paroles] "Un monde totalement inégal à tous les niveaux. Regarde l'attitude des femmes dans les pubs, dans les clips [...] Les hommes ne pleurent pas, les hommes n'expriment pas, les femmes n'osent pas, manque de confiance en soi. Tous ces codes imposés par la société décident à notre place et nous empêchent d'assumer."
Les 40 autres élèves ont, quant à eux, inventé une chorégraphie avec l'aide d'Ana Popovic, danseuse membre de la compagnie Alea Citta. Et si l'idée de danser n'a pas enchanté quelques garçons, ils ont toutefois donné leur maximum. "La première fois qu'on nous a dit qu'on allait danser, on a fait une tête bizarre, raconte Estéban, 15 ans. Mais ensuite, on s'est prêté au jeu et ça prouve que tout le monde peut le faire."
Ce projet, soutenu et financé à hauteur de 7500€ par le Rectorat de Poitiers, la DRAC et la DAAC, a permis aux élèves de mûrir une réflexion sur la société actuelle et ses inégalités. Certains garçons sont même venus en classe avec du vernis pour casser les codes.
"Les élèves sont plus soudés et plus solidaires entre eux", constate l'enseignante. "Ça m'a permis de prendre conscience de certaines inégalités", explique Mya, 15 ans. Titouan, 14 ans, confie : "C'était bien de débattre et d'écrire sur un thème d'actualité. Participer à ce projet m'a donné envie de remettre de l'égalité."
[Extrait de paroles] "Je rêve d'un monde où les hommes se maquillent, en costume elles s'habillent, lui, en jupe, il s'habille. Je rêve de foot pour les filles, de la danse pour les garçons et dans mon songe survolté, ça nous le pouvons."
Quand le college Louis Merle de Secondigny parle d égalitéfemmes hommes, ça donne ça https://t.co/aaMg6APo63
— Michaleck (@Michaleck1) 27 mai 2018
Rdv mercredi 18h30, inauguration festival Ha de parthenay. On inaugure avec chant/danse/élèves et residents de l Esat!!!
Trois textes ont été rédigés et mis en image (l'un d'eux est une compilation d'écrits de résidents de l'ESAT-HVS du Tallud). Les vidéos sont disponibles sur la page Youtube de Marie Michaleck.
De leur côté, les élèves participeront, ce mercredi 30 mai, à l'ouverture du festival Ah à Parthenay. Ils sont un peu stressés mais ont hâte de partager leur vision du monde avec un public plus large.