Deux-Sèvres : les opposants aux bassines de retenue d'eau appellent à un "méga rassemblement" à Niort le 22 septembre

Alors que les travaux de construction sur le site de Mauzé-sur-le-Mignon ont commencé, les opposants aux bassines appellent à un rassemblement d'ampleur le 22 septembre à Niort où se tiendra, en parallèle, le congrès annuel de la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire.

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L'appel national et international à converger vers Niort contre les « méga-bassines » et le démarrage des chantiers est lancé par les collectifs Bassines Non Merci, rejoints par les Soulèvements de la Terre, une organisation qui regroupe entre autres la Confédération Paysanne et des mouvements écologistes comme Extinction Rebellion ou Youth for Climate.

Nous appelons à une convergence nationale et internationale place de la Brèche à Niort, nous voulons faire "un gros coup". Nous organisons deux banquets à midi et le soir et dans l'après-midi, nous appellons à converger, à pied, à cheval, en voiture, en tracteur vers Niort puis dans le Marais Poitevin sur les sites où des projets de bassines existent.  Nous voulons marquer par nos actions notre opposition à l'accaparement de l'eau par certains et exiger un partage juste de la ressource en eau. 

Julien Leguet, le porte-parole du collectif "Bassines Non Merci"

Multiplication des actions de terrain

Les actions prévues en cours de journée seront annoncées au dernier moment, explique Julien Leguet. Il ajoute que le collectif lance à nouveau un appel aux politiques regionaux et nationaux pour se joindre à cette journée d'action. Jean-luc Mélenchon, leader de la France Insoumise, Philipe Poutou, du Nouveau Parti Anticapitaliste ou Yannick Jadot pour EELV sont déjà venus lors de manifestations passées. En pleine Primaire des écologistes, les finalistes devraient aussi être présents-es à Niort le 22 septembre.

Julien Leguet explique, par ailleurs, que les opposants aux bassines ont aussi décidé de multiplier les actions de terrain. Chaque mardi et vendredi, un rassemblement est organisé sur le chantier de Mauzé-sur-le-Mignon où les travaux de construction ont démarré la semaine dernière. Il s'agit de la première des seize "bassines" prévues sur le bassin de la Sèvre niortaise et situées en majorité dans les Deux-Sèvres. 

De nouvelles actions en justice à venir

Loin d'être découragés ou de baisser les bras, le début des travaux ne signe pas la fin du combat pour les opposants aux bassines. Ils sont déterminés à poursuivre la lutte devant les tribunaux.

Nous mettons beaucoup d'espoir dans la justice maintenant. Il fallait que les travaux commencent pour que le référé de suspension puisse être lancé par le collectif inter-association qui avait fait appel de la décision rendue en juin par le Tribunal Administratif de Poitiers. Celui-ci avait conclu que 9 bassines sur les 16 en projet étaient déclarées non conformes car surdimensionnées. Mais il autorisait, de fait, le début des travaux pour les autres comme à Mauzé ou St-Sauvant, dans la Vienne. Le référé sera déposé, en procédure d'urgence, d'ici la fin de la semaine devant la Cour d'Appel de Bordeaux.  

Julien Leguet, le porte-parole du collectif "Bassines Non Merci". 

Avec cette nouvelle action en justice, les opposants veulent faire reconnaître que l'impact écologique n'est pas suffisament pris en compte par les promoteurs des projets. Elles dénoncent également des prélèvements "supérieurs aux consommations passées, pérennisant des pratiques agricoles globalement néfastes à l'environnement." Pour remplir ces bassins de rétention, qui ne sont pas alimentés que par les pluies, les agriculteurs prélèvent dans les cours d'eau et dans les nappes phréatiques censées se remplir pendant l'hiver et le printemps. Les opposants estiment que cette eau, présente en quantité limitée ne doit pas être accaparée au profit de quelques agriculteurs mais partagée entre tous.

La réponse "très satisfaisante" de la commission européenne

En mars dernier, le collectif Bassines Non Merci avait déposé un recours devant la commission européenne. Ils ont été auditionnés par 40 eurodéputés  de la Commission PETI, la commission parlementaire des pétitions. Celle-ci vient de faire connaître ses conclusions et pour Julien Leget, elles sont dans l'ensemble "très satisfaisantes."

Nous avions expliqué que neuf directives européennes sur l'environnement et l'eau étaient bafouées dans les dossiers de construction des bassines. Nous étions en attente d'une réponse et nous l'avons reçue dernièrement. Elle nous donne raison au moins sur cinq directvives. C'est une réponse très satisfaisante et qui peut être de nature à faire stopper les travaux.  

Julien Leguet, le porte-parole du collectif "Bassines Non Merci".

 

"Le ministère de l'Agriculture est piloté par la FNSEA."

Le choix de la date du 22 septembre pour cette journée d'action contre les "méga-bassines" ne doit rien au hasard. La FNSEA sera, en effet, en congrès à Niort du 21 au 23 septembre avec la présence annoncée du ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie. FNSEA et gouvernement s'accordent pour défendre le modèle des bassines qu'ils considèrent comme la meilleure réponse aux problèmes d'irrigation. Au nom du Collectif Bassines Non Merci, Julien Leguet dénonce et s'inquiète de cette convergence pour "défendre le modèle agricole productiviste et le développer encore plus" à l'heure où le ministère de l'Agriculture lance "un Varenne de l'eau " qui aborde à nouveau le sujet des constructions de ces bassines de retenue.

"La FNSEA et le gouvernement sont co-responsables du maintien de l'agriculture productiviste qui va contre toute transition écologique. Ils sont responsables de l'érosion de la biodiversité et des paysages ruraux. Avec les gouvernements Macron, l'influence de la FNSEA atteint son paroxysme. Le ministère de l'Agriculture est piloté par la FNSEA.  

Julien Leguet, le porte-parole du collectif "Bassines Non Merci". 

"Une zone de trash test en Poitou-Charentes"

Dans ces conditions, les opposants craignent que les bassins de retenue, présentés comme "une solution miracle pour l’agriculture productiviste" ne se multiplient sur tout le territoire national. 

Il y a une volonté de multiplier ces types d'ouvrages, présentés comma la solution technique contre le réchauffement climatique, en s'appuyant sur l'exemple du Marais Poitevin. On a déjà des signaux très clairs, la semaine dernière on nous a alerté qu'en Haute-Vienne des projets de bassines sont en cour" 

Julien Leguet, le porte-parole du collectif anti-bassines .

Il va plus loin en parlant de zone de trash test en Poitou-Charentes.

"Nous sommes une zone de trash test depuis quinze ans. Il y a plus de 40 ouvrages dans la région dont 25 en sud-Vendée On a des métastases autour du Marais Poitevin et qui sont en train d'essaimer." 

En lançant cet appel à une convergence nationale le 22 septembre à Niort, en parallèle du Congrès de la FNSEA, les collectifs Bassines Non Merci voudraient se faire entendre du gouvernement pour défendre un modèle agricole alternatif plus respectueux de l'environnement que celui qui existe majoritairement aujourd'hui en France.

 

 

 

 

 

 

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