Pas de match Caen/Niort sur la pelouse ce samedi 8 janvier 2022 pour cause de Covid, mais une rencontre en ligne sur FIFA. Un joueur de l’équipe e-sport des Chamois Niortais a affronté le community manager du SM Caen. Derrière l’équipe virtuelle des Chamois, se cache l’association des Dragons Niortais qui poursuit son ascension dans le monde du e-sport.
Reportée pour cause de Covid, la rencontre de Ligue 2 opposant Niort à Caen samedi 8 janvier a bien eu lieu… Sur internet. Une initiative lancée par le chargé de communication du Chamois Niortais FC, Pierre Bazireau. "Spontanément, j’ai mis un tweet à l’heure du match, en interpellant le SM Caen", raconte-t-il. "Je voulais combler le vide de ce samedi soir sans match, et décompresser de cette situation avec le Covid."
3-1 pour les Chamois
Ni une, ni deux, le Stade Malherbe Caen a alors proposé un match sur FIFA 22, jeu de simulation de foot sur Playstation. C’est Anthony Delaye, alias AnthoFIFA, qui représentait les Chamois Niortais. Semi-professionnel, il a dominé le match. Score final : 3-1 pour les Chamois. "Fallait que je gagne dans ce match organisé à l’improviste, je n’avais pas le choix !", s’amuse-t-il. Car dans les commentaires du stream et sur Twitter, les supporters étaient peu nombreux, une cinquantaine en moyenne, mais très motivés à défendre les couleurs de leur équipe respective.
"C’est un moyen de montrer qu’il n’y a pas que le foot dans les stades qui rassemble, mais aussi le foot qui se développe dans l’e-sport", explique Anthony Delaye, alias AnthoFIFA. "Ce n’est pas qu’un jeu, c’est de la vraie compétition."
Un entraînement régulier
Depuis un an, Anthony Delaye fait partie des 11 titulaires du club professionnel d’e-sport des Chamois Niortais. Avec ses coéquipiers, il s’entraîne 4 fois par semaine de 21 heures à 23 heures, par écran interposé. Et cela paye. Après le titre de champion de la Ligue 1, organisée par Virtual Pro Gaming France, l’équipe a remporté le 22 décembre la Coupe de France.
Le club professionnel est sous la houlette de l’association "Les Dragons Niortais". Créée en juin 2018, elle réunit 150 adhérents. Des Deux-Sèvres jusqu’en Martinique, en Belgique ou en Suisse, des joueurs de tous niveaux sont accueillis. "Certains n’ont pas envie de faire de la compétition, juste de s’amuser et de partager leur passion", explique le président Stévie Fageon.
Bientôt une gaming house à Niort
Pour se professionnaliser, l’association peut compter sur ses sponsors. Elle vient de signer un nouveau partenariat avec l’entreprise Boulanger. "La marque devient notre sponsor principal et apparaîtra sur nos maillots", poursuit le président des Dragons Niortais. En échange, l’entreprise finance l’ouverture d’un local, une gaming house, et leur fournit 42.000 euros de matériel.
La gaming house permettra aux joueurs d’installer leur matériel et d’accueillir du public. Des conférences y seront organisées. Elle devrait, à terme, permettre de créer entre deux et quatre emplois. L’association espère une ouverture d’ici mars-avril 2022.
Autre possibilité avec ce partenariat : la sensibilisation et la prévention autour du jeu vidéo dans les établissements scolaires. L’objectif est de lutter contre l’addiction dans laquelle tombent certains jeunes, mais également contre les idées reçues sur l’e-sport.
De nombreux jeunes veulent travailler dans l’e-sport et devenir joueur professionnel. En réalité, il n’y a que 0,1 % des joueurs qui en vivent, et la moyenne d’âge de la retraite est de 24 ans.
Stévie Fageon, président des Dragons Niortais
"De nombreux jeunes veulent travailler dans l’e-sport et devenir joueur professionnel", constate Stévie Fageon. "En réalité, il n’y a que 0,1 % des joueurs qui en vivent, et la moyenne d’âge de la retraite est de 24 ans. Le but est d’aller leur expliquer qu’il existe plein d’autres métiers."
Développeur, community manager ou journaliste e-sport : l’association espère éveiller des vocations et donner envie à ces jeunes d’étudier dans des écoles proches de Niort. "On travaille avec une école de numérique de la région pour créer une branche spécialisée dans l'e-sport", dévoile-t-il.
"Faire briller Niort"
Grâce à leur ascension, les Dragons Niortais ont réussi à placer Niort sur la carte du e-sport international. "Beaucoup de clubs d’e-sport effacent totalement leur attache géographique dans leur nom", regrette Stévie Fageon. "Il ne faut pourtant pas en avoir honte. Notre but, c’est de faire briller Niort dans le e-sport, et d’ouvrir encore plus de portes avec la mairie, et avec les clubs de sports locaux."
L’association deux-sévrienne n’est pas seulement présente sur FIFA : il y a Fortnite et le classique Mario Kart. Elle a également une équipe de haut niveau sur le jeu de combat Dragon Ball FighterZ. Le 4 décembre 2021, trois de ses nouveaux licenciés ont fait carton plein aux championnats d’Europe de ce jeu. Le joueur Yasha a remporté le titre de champion d’Europe, Jila a terminé troisième. Et Wade, cinquième. L’association cherche par ailleurs à monter une équipe qui portera ses couleurs sur Counter-Strike Go en 2022. Le e-sport niortais a de beaux jours devant lui.