Julien Denormandie : les bassines sont nécessaires car il n'y a "pas d'agriculture sans eau"

Le sujet des bassines s'est retrouvé au cœur des débats au dernier jour du 75e congrès annuel de la FNSEA à Niort. Julien Denormandie, ministre de l’agriculture, a rappelé son soutien au projet.

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Au dernier jour du 75e congrès annuel de la FNSEA à l'Acclameur à Niort, le ministre de l'agriculture, Julien Denormandie, a redit son soutien au projet de réserves de substitution en eau, les fameuses bassines.

Lors d'une prise de parole, il a déclaré : "Ces bassines ont une utilité, et donc il faut qu'elles se fassent."

Julien Denormandie a souligné que le projet de 16 bassines dans le bassin niortais avait respecté le processus de "concertation" et le "cadre juridique". S'il admet que dans certains cas, pomper a des conséquences sur le bassin versant, il soutient que lorsque "des pluies diluviennes surviennent en plein hiver, que votre nappe phréatique est pleine, que votre sol est gorgé d'eau et que l'eau s'écoule, là si vous captez, ça n'a pas d'impact"

Monsieur le ministre, imposez avec autorité l'application des décisions administratives et soyez ferme pour empêcher la naissance de nouvelles ZAD dans les Deux Sèvres ou ailleurs.  

Christiane Lambert, présidente de la FNSEA

Des paroles très attendues par la direction et les adhérents du syndicat agricole majoritaire. Un peu plus tôt dans la matinée, sa présidente, Christiane Lambert, est revenue sur les évènements de la veille : les manifestations des opposants aux bassines.

"Hier nous avons entendus en dehors des murs de l’Acclameur, la clameur hostile monter autour du projet des bassines", a-t-elle lancé à la tribune.

"Monsieur le ministre, imposez avec autorité l'application des décisions administratives et soyez ferme pour empêcher la naissance de nouvelles ZAD dans les Deux Sèvres ou ailleurs", a-t-elle ajouté.

De son point de vue, ce projet a tout pour lui. La possibilité d'installer les jeunes sur le territoire, de diversifier avec des productions à forte valeur ajoutée et de sécuriser le modèle agricole.

Hier, mercredi, près de 400 manifestants étaient présents au plus fort des rassemblements. 

Pourtant, ce matin, à l'Acclameur, la manifestation de la veille ne semblait par avoir ébranlé les esprits. Denis Mousseau, président de la FNSEA 79 s'est appliqué à condamner les actions menées.

"Des actions de force ou de rébellion sont antidémocratiques", a-t-il déclaré. 

Ce jeudi, les opposants sont restés peu visibles.

Deux d'entre eux, seulement, étaient présents dans l'après-midi devant la préfecture de Niort où le ministre de l'agriculture a ensuite reçu l'ensemble des syndicats agricoles. 

La rémunération des agriculteurs

Autre sujet d'importance abordé lors de ce congrès, la question de la rémunération des agriculteurs sur lequel travaille le Parlement.

Le Sénat a adopté, mercredi 22 septembre, en première lecture, une proposition de loi visant à protéger les revenus des agriculteurs. Le texte vise à compléter la loi Alimentation ou "Egalim" de 2018 qui n'a pas tenu ses promesses en termes d'amélioration de la rémunération des agriculteurs. Pour Julien Denormandie, l'objectif est de "redonner une meilleure rémunération dans les cours de ferme", en rééquilibrant le rapport de force du trio agriculteurs-industriels-distributeurs.

Les bassines, un combat de longue date dans les Deux-Sèvres

Si les travaux ont débuté le 6 septembre dernier, la querelle des bassines date, elle, de plusieurs années. 

En 2011, le projet est lancé par la Société coopérative anonyme de l’eau des Deux-Sèvres. Il prévoit la création de 19 bassines sur le bassin de la Sèvre niortaise : 16 dans les Deux-Sèvres, deux en Charente-Maritime et 1 dans la Vienne avec une livraison espérée entre 2018 et 2021. 

Dès 2017, le projet provoque la colère des associations environnementales et devient un emblème des conflits d'usage de l'eau entre agriculteurs et écologistes. En novembre, a lieu la première manifestation contre les bassines qui rassemble plus de 1000 personnes. Le 4 mars 2018, une nouvelle mobilisation a lieu à Mauzé-sur-le-Mignon. Lancée par le collectif "Bassines non Merci!", la marche des Pigouilles rassemble 2.000 manifestants. 

En décembre et après moult négociations, le projet des 19 bassines est abaissé à 16 et un protocole d'accord "inédit" est conclu entre agriculteurs, écologistes et acteurs publics.

En 2019, la lutte continue et les 29 et 30 juin, le collectif Bassines non merci ! installe un campement de résistance et de surveillance à Mauzé-sur-le-Mignon pour empêcher l’aménagement de nouvelles réserves d’eau. Une manifestation baptisée “Mauz’ZAD” est organisée sur deux jours, avec débats, conférences et animations. Plus de 700 personnes y participent.

En mai 2020, la bataille des anti-bassines se poursuit malgré le confinement. Une rencontre avec le préfet des Deux-Sèvres est annoncée post-confinement.

Le 11 octobre 2020, le collectif appelle à la manifestation à Épannes, dans les Deux-Sèvres, lieu du premier chantier. Plus de 3 000 personnes se rassemblent.

Le 25 janvier dernier, le collectif Bassines non merci dépose une pétition dénonçant "des projets de stockage privé d’eau pompée dans les nappes phréatiques à des fins d’irrigation agricole, dits 'réserves de substitution', notamment dans le Marais poitevin et ses bassins affluents qui constituent une menace pour le Marais poitevin et une violation grave et récurrente du droit européen."

Malgré la décision du ministre de l'agriculture de maintenir ce projet de bassines, les opposants ne comptent pas lâcher l'affaire.

Hier, mercredi 22 septembre, lors de la manifestation, Julien Le Guet, le porte-parole du collectif Bassines non merci, a donné rendez-vous les 6 et 7 novembre pour "le deuxième round".

 

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