Ils siégeront dans le même groupe "écologiste et social" à l'Assemblée nationale et militent pour un moratoire immédiat sur les mégabassines. Cependant, les députés écologistes Benoît Biteau et Delphine Batho sont divisés sur la tenue du "Village de l'eau" à Melle, dans les Deux-Sèvres.
L'un ira, l'autre "certainement pas !" L'organisation du "Village de l'eau" à Melle, dans les Deux-Sèvres, divise jusqu'aux écologistes convaincus.
Alors que le député-agriculteur de la 2ᵉ circonscription de Charente-Maritime Benoît Biteau s'y rendra dimanche, la députée Delphine Batho boycotte l'événement : "En tant qu'écologiste et en tant que députée des Deux-Sèvres, je refuse que la cause de l'eau et celle de la protection de la nature cautionnent de la violence. Les Deux-Sévriens ne veulent plus revivre le traumatisme de Sainte-Soline : pas de blessés, pas de destruction."
Benoît Biteau reconnait que "Sainte-Soline, comme Sivens où est mort Rémi Fraisse, sont pour lui des événements traumatisants, mais les forces de l'ordre ne semblent avoir tiré aucune leçon. Pourquoi reproduire la même stratégie policière ? Évidemment, j'espère que ce rassemblement ne sera pas récupéré par des casseurs. Quand on parle de cela, on ne parle pas du fond, des raisons pour lesquelles 10 000 personnes seront là."
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Se mobiliser pour le bien commun
Paysan agronome à Sablonceaux en Charente-Maritime, Benoît Biteau connaît bien la problématique : "C'est important qu'un tel événement ait lieu. Il y a des conférences, des témoignages sur les conséquences à long terme de ces mégabassines. Il faut qu’on avance sur une gestion responsable de l’eau. C’est un bien commun reconnu par la loi européenne, la loi française et le Code de l'environnement. En Poitou-Charentes, il y a 200 projets de bassines dans les cartons pour un coût avoisinant les 400 millions d'euros alors que ces projets profitent à 6 % des agriculteurs."
L'État doit sortir de son entêtement. Quel que soit le futur gouvernement, il va falloir stopper les travaux.
Delphine BathoDéputée écologiste de la 2e circonscription des Deux-Sèvres
Delphine Batho rejoint son collègue sur l'urgence de stopper la construction de ces infrastructures : "Ces projets sont dans une impasse écologique, car ils sont dénoncés par tous les scientifiques comme une mal-adaptation au changement climatique. Ils sont aussi dans une impasse juridique depuis que le tribunal administratif de Poitiers a jugé que le volume d'eau capté était excessif."
Le programme du Nouveau Front Populaire contient d'ailleurs un moratoire sur les méga-bassines. Les deux députés écologistes aimeraient voir "l'État sortir de son entêtement." "Quel que soit le gouvernement, explique Delphine Batho, il va falloir arrêter les travaux." Benoît Biteau complète : "Si l'État ne respecte ni les lois européennes, ni les lois françaises, ni les décisions de justice, de quel côté est l'État de Droit ? Que reste-t-il aux gens à part manifester ? Et si les préfets interdisent même les manifestations ?"
Les députés de l'ancienne région Poitou-Charentes Delphine Batho et Benoît Biteau vont faire leur rentrée demain au Palais Bourbon pour élire le ou la nouvelle présidente de l’Assemblée nationale. Et ce, sous la même étiquette : celle du groupe écologiste, affilié au Nouveau Front populaire.