Pour préserver les prairies du marais poitevin, des agriculteurs se sont engagés contre compensation à entretenir le milieu. Certains ont reçu ces aides spécifiques, d'autres pas. Depuis 2015, les retards de paiement des mesures agri-environnementales mettent en difficulté leurs exploitations.
Ils sont 800 agriculteurs dans les Deux-Sèvres à recevoir des mesures agri-environnementales parce que leur territoire se trouve dans des zones protégées. C'est particulièrement le cas dans le Marais poitevin où 80 agriculteurs, principalement des éleveurs perçoivent des aides pour leurs surfaces en prairies naturelles.
Des plantes pour permettre aux oiseaux de se désaltérer, de la bardane pour nourrir et des fleurs pour butiner, 23 000 ha de prairies naturelles dans la zone humide du marais poitevin entretenus par 80 éleveurs. Philippe Leyssen s'est engagé depuis plusieurs années à ne pas utiliser d'engrais et à entretenir le milieu : "c’est assez particulier d’arriver à conjuguer la biodiversité et la production agricole, parce que l’objectif quand même c’est de produire quelque chose dans ces prairies-là… D’où des contrats pour compenser la perte de productivité."
Un contrat de 5 ans lie cet éleveur à l'État qui, en retour, doit lui verser 150 à 400 euros l'hectare. Depuis 2015, certains ont perçu un peu d'argent... D'autres non. Dans un contexte économique très tendu, l'absence de cette manne financière grève le budget des exploitations. Pour le Parc naturel du marais poitevin qui gère ce territoire, la situation est préoccupante, comme l’explique Dominique Giret, directeur chargé de l'agriculture et de l'environnement dans le Marais Poitevin : "on ne peut pas avoir des prairies dans le marais sans qu’il y ait des vaches et sans qu’il y ait des éleveurs qui gèrent le système. Si les élevages disparaissent, qu’est-ce qu’on va faire de ces prairies ? La question va finir par se poser : soit elles pourraient revenir en culture, soit elles pourraient basculer à la friche. Mais que ce soit dans une situation ou dans l’autre, ce n’est pas satisfaisant pour nous."
Le Parc naturel du marais poitevin et la chambre d'agriculture des Deux-Sèvres ont alerté l'administration. Ce que confirme Jean-Marc Renaudot, président de la Chambre d'Agriculture (79) : "Depuis 2015, on n’arrête pas de nous annoncer un calendrier qui se repousse de mois en mois sur les dates de paiements. J’espère que le ministre de l’Agriculture va aboutir sur le fait que ces dossiers soient instruits dès cet été pour un paiement à l’automne 2017."
Ces retards de paiement pourraient avoir des conséquences économiques et écologiques catastrophiques. La préservation des prairies naturelles permet de protéger ce site classé et d'arrêter l'extension des grandes cultures qui a commencé dans les années 90.