En réponse à la procédure de dissolution des Soulèvements de la Terre annoncée par le ministre de l'Intérieur le 29 mars, après les affrontements entre manifestants et force de l'ordre autour de la mégabassine de Sainte-Soline, une tribune de soutien au collectif recueille des dizaines de milliers de signatures. Parmi elles, des personnalités d'envergure internationale.
Ce mardi 4 avril, le compteur affiche 70 000 signataires sur le site des Soulèvements de la Terre.
Des milliers de personnalités, syndicalistes, artistes, scientifiques, élus, et des dizaines d'organisations politiques, associatives et syndicales en France et à l'international affirment leur adhésion au mouvement des Soulèvements de la Terre, qui fédère une myriade de collectifs informels et d'organisations engagés dans "la défense du vivant".
Au-delà de tous ceux dont on connait l'engagement ou la sensibilité à la cause environnementale, quelques noms de personnalités marquantes se détachent de la liste des signataires : l'écrivaine Annie Ernaux, prix Nobel de littérature 2022, la philosophe américaine Judith Butler, l'essayiste canadienne Naomie Klein, le réalisateur britannique Ken Loach, les musiciens britanniques Peter Gabriel (Genesis) et Roger Waters (Pink Floyd), ou la jeune militante indienne pour le climat Ravi Disha.
Dans la presse, les tribunes de soutien se multiplient
Dans une première tribune, publiée dans Le Monde ce jeudi 30 mars, intitulée "Nous sommes les Soulèvements de la Terre", trois cents personnalités, dont Philippe Descola, Cyril Dion, Annie Ernaux et Adèle Haenel ont décidé de rendre publique leur appartenance aux Soulèvements de la terre, alors que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, venait d'annoncer sa volonté de dissoudre le collectif.
Dans Médiapart, le collectif des scientifiques en rébellion affiche aussi son soutien : "Les Soulèvements de la Terre font partie de ces collectifs qui se substituent à l’État là où ce dernier échoue à répondre à l’intérêt général. Ils proposent un autre monde, un projet de société différent et réaliste où le soin, le respect, la tolérance, la justice sociale sont réellement réfléchis et mis en place au quotidien. Nous, scientifiques en rébellion, les soutenons sans réserve."
Le 1er avril, dans une tribune publiée cette fois dans Libération, les vingt coprésidents de l’Association pour la défense des terres, appui du mouvement menacé de dissolution, réaffirmait : "Avec les Soulèvements de la Terre, nous continuerons à alimenter une eau vive qui partout frémit."
Nous soutenons de corps et d’esprit les Soulèvements de la Terre. Nous continuerons à relayer leurs actions, à y participer. Nous en sommes. De la terre, du feu, de l’eau et des vents.
Collectif de soutien aux Soulèvements de la TerreL'Obs
Le même 1er avril dans L'Obs, en signant un texte du philosophe et poète Edouard Glissant intitulé "La terre, le feu, l'eau et les vents se soulèvent", des centaines d’intellectuels, de chercheurs et d’artistes manifestent "leur indéfectible soutien au collectif et à ses luttes".
"Nous sommes « la terre le feu l’eau et les vents », écrit Edouard Glissant, poète et philosophe du « Tout-monde ».Ces méga-éléments vitaux ne peuvent pas être dissous, matraqués, désintégrés. Ou alors nous mourons. C’est pourtant la voie qu’a choisie notre gouvernement : pour défendre le modèle agro-industriel de captation/pollution des terres, de l’eau et de l’air, l’Etat est prêt à tuer, mutiler, estropier, autrement dit à employer ouvertement des techniques de guerre sur des civil.e.s. Le projet de dissolution du mouvement des soulèvements de la terre relève de ce même registre de répression."
Le mouvement indique avoir reçu la notification de la procédure de dissolution le jeudi 30 mars. Elle pourrait être prononcée dès le 12 avril. Le dépôt de recours devant le Conseil d'Etat est dores et déjà prévu.