Depuis les multiples révélations d'agressions et de violences sexuelles de la part de l'abbé Pierre, plusieurs communes de France ont décidé de retirer toute trace éventuelle de sa personne dans l'espace public. Des statues, des peintures ou encore des plaques en son honneur sont enlevées.
Après la nouvelle publication d'un rapport du cabinet Egaé de nouveaux témoignages évoquant des agressions sexuelles et des propos à caractère sexuel de la part de l'Abbé Pierre, son image dans l'espace public disparaît peu à peu.
"Le collège va être débaptisé"
Des établissements scolaires ont également décidé de procéder à un changement de nom : le collège privé Abbé Pierre, situé à Neuil-les-Aubiers dans les Deux-Sèvres, "va être débaptisé", rapporte la directrice de l'établissement Murielle Julienne. "J'ai pris cette décision moi seule, après consultation des professeurs, du personnel et des représentants des parents d'élèves", ajoute la directrice de ce collège de 271 élèves. Sous tutelle diocésaine, le collège a une réponse favorable de la part de la direction diocésaine de l’enseignement catholique et se dit soutenu dans son action.
J'ai pris cette décision moi seule, après consultation des professeurs, du personnel et des représentants des parents d'élèves.
Murielle JulienneDirectrice de l'établissement
La décision a été prise un peu plus tard que prévu, soit quelques jours après le 6 septembre, jour de la publication du deuxième rapport. "Je ne voulais pas perturber les jeunes élèves pour leur rentrée : depuis deux ans, on avait prévu d'emmener une semaine des élèves de 5ᵉ à la 3ᵉ aux Jeux paralympiques. Je ne souhaitais pas les déstabiliser avant leur rentrée, qui avait lieu le 9 septembre", ajoute la directrice.
Une fresque murale en son honneur, installée sur le mur de l'entrée du collège, va être enlevée. Une première réunion aura lieu prochainement pour évoquer le nouveau nom de l'établissement. La directrice souhaite adopter un nom "à l'aspect coloré, de ce qui se vit au collège, où les professeurs et les parents d'élèves sont pleins d'énergie." Trouver un nouveau nom n'est pas une chose aisée : la tutelle diocésaine doit le valider, viens ensuite le rectorat de Poitiers, et enfin la préfecture des Deux-Sèvres.
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Le rond-point de Naintré va également changer de nom
C'est le cas aussi de la commune de Naintré, dans la Vienne : cette ville, d'un peu moins de 6 000 habitants, avait érigé, il y a une dizaine d'années, une statue de l'Abbé Pierre sur un de ses rond-points. Le maire de Naintré, Christian Michaud, évoquait il y a quelques jours que son nom ne sonnait "plus comme quelqu’un qu’on peut mettre en haut de l’affiche. Il faut absolument condamner, et la décision qui sera prise devra être une condamnation. Après, il y a l’œuvre qui est respectable, toujours pertinente, qui mérite d’être soutenue, de rester vivante. Et ça, c’est à l’association (Emmaüs) de décider ce qu’il faut faire."
À l'occasion du conseil municipal de ce mardi 17 septembre, il a été décidé de retirer la statue à son effigie du rond-point à la sortie de la ville. Les autres éléments de l'œuvre en place, représentant des compagnons d'Emmaüs, mais également "la solidarité et le travail" selon Christian Michaud, vont rester. Le rond-point changera par ailleurs de nom et sera renommé rond-point des "Compagnons Emmaüs".
Et c'est ce 10 décembre que la statue de l'Abbé Pierre a été déboulonnée à Naintré mais elle n'a pas été détruite. La communauté va la conserver par respect pour l'oeuvre de l'artiste.