Météorologue de profession, Emmanuel Moreau s'apprête à courir son quatrième vendée Globe... virtuel. Avec son pseudo MétéoNiort/FB_Poitou, il est un cador de la communauté du jeu de simulation Virtual Regatta.
"J'ai hâte d'en découdre!" Joint par téléphone même pas satellite, Emmanuel Moreau, marin des Deux-Sèvres, ne cache pas son impatience. Dimanche à 13h02, il sera dans les starting blocks de la plus prestigieuse des courses au large, le Vendée Globe. Un challenge qu'il tente de relever tous les quatre ans depuis 2008, mais qu'il n'a jamais remporté. Car, contrairement aux Beyou, Le Cam et autres Thomson, Emmanuel, lui, va s'affronter à un demi million de concurrents. Voire plus si l'on en croit l'engouement autour du jeu de simulation Virtual Regatta à la veille de cette édition si particulière. Confinement oblige, ils pourraient être encore plus nombreux à faire le tour du monde sans veste de quart ni pantalon ciré, au chaud dans leur salon. Mais qu'on ne s'y trompe pas, Emmanuel et les autres sont des sportifs de haut niveau. Pas question de lâcher la barre, enfin la souris pendant deux mois et demi. Enfin presque...
En fait, ça dépend de la météo. Très souvent, je mets un réveil pour la nuit quand je sens que ça va être un peu chaud au niveau des réglages ou qu'il y a quelque chose à affiner. Dans les alizés, c'est plutôt régulier. Quand on arrive dans le Pot au noir, là, par contre, on est beaucoup plus vigilant. Et dans le grand sud, on a une météo qui est beaucoup plus mouvementée. Quand on a des dépressions et des fronts qui se succèdent, il faut faire attention.
"Les conditions sont plutôt bonnes au départ."
Ca tombe bien, météorologue, c'est son métier et sa passion à Emmanuel. Quand une amie lui parle de Virtual Regatta en 2008, il devient vite accro à un jeu de simulation qui va lui ouvrir un nouvel horizon professionnel, le routage. "Je navigue très peu !", rigole-t-il, "mais ce jeu nous permet vraiment de faire de la simulation de routage, de se creuser les méninges pour déterminer la meilleure route possible". Ainsi, il a dernièrement conseillé à distance des particuliers qui ont rallié, avec leur voilier Bordeaux aux îles Marquises. Un routage de plaisance où la sécurité prenait le pas à la recherche de performance. Dimanche, branle-bas de combat, Virtual, c'est pas la croisière s'amuse ! Emmanuel est déjà plongé dans ses fichiers météo depuis quelques jours.Finalement, les conditions sont plutôt bonnes au départ. Nous, évidemment, on ne va pas se mouiller dans notre canapé, mais il y a un premier front à négocier dans la nuit de dimanche à lundi avec des zones de calme et des zones plus tendues. Toute la question, c'est si on file un peu vers l'ouest avant d'entamer la descente ou si on fait route directe sur Cap Finistere. Il y a des choix à faire. Moi, j'ai déjà ma petite idée en tête... que je ne vais pas dévoiler évidemment !
"C'est vraiment en temps réel."
Il faut dire que le jeu a beaucoup évolué depuis 2006. Cette année-là, c'est un rochelais, Philippe Guigné, qui lance la première version à l'occasion de la Route du Rhum. Ils seront 50.000 joueurs à étrenner cette nouveauté en ligne. "À l'époque, les modèles météo étaient réactualisés toutes les heures ou toutes les trois heures", croit se souvenir Emmanuel, "aujourd'hui, c'est vraiment en temps réél". Le jeu est gratuit, ce qui explique son succès. Mais "sans le "pack intégral", pas la peine de rêver d'un podium", concède l'expérimenté niortais. "Le Pack", c'est, moyennant une trentaine d'euros, un certain nombre d'options indispensables pour performer. Un jeu de voiles pro, un pilote automatique et, surtout, cette année, des foils, ces appendices qui font voler les bateaux de Beyou, Le Cam et autres Thomson. Même dans le virtuel, le nerf de la guerre reste l'argent. Enfin en beaucoup moins cher. Et puis il y a une option essentielle aux yeux de notre météorologue, l'option de programmation. Indispensable pour une vie familiale harmonieuse, enfin tant que faire se peut pendant le "Vendée" !Ils sont habitués maintenant depuis douze ans ! Mais je ne cache pas qu'il y a parfois des petites choses à gérer de temps en temps, des petites tensions... Et puis il y a aussi le quotidien, sans parler du boulot. Les options proposées dans le pack nous permettent de garder du temps pour la famille et de ne pas être trop submergé. On peut programmer un cap et des manœuvres. Ça nous offre la possibilité d'une journée relativement tranquille.
Consultant et chroniqueur chez nos confrères de France Bleue Poitou, Emmanuel hissera fièrement le pavillon de l'audiovisuel publique français pendant la course. Pseudo : MétéoNiort/FB_Poitou. Il avait fait une incroyable 39e place en 2012, après avoir mené pendant les deux tiers de la course et passer le Cap Horn en tête. Son objectif cette année ? Boucler son tour du monde en 70 jours et gagner la plus prestigieuse des courses au large. Les Beyou, le Cam et autres Thomson sont prévenus.