Les membres de l’association L214 se sont introduits dans un élevage de Nueil-les-Aubiers (Deux-Sèvres). Ils y ont découvert des conditions extrêmes d’élevage intensif avec des cages aussi grandes qu’une feuille de papier.
C’est à deux reprises que des membres de l’association L214 ont tourné des images dans cet élevage des Deux-Sèvres afin de dénoncer des conditions particulièrement déplorable pour ces lapins en cage.
D’après L214, une première série d’images a été tournée le 31 mai 2019 puis une seconde le 11 août 2019. On y découvre donc un élevage intensif de lapins élevés pour leur chair. Cet élevage situé à Nueil-les-Aubiers (Deux-Sèvres), détient environ 8.000 lapins enfermés toute leur vie dans des cages métalliques. Les images montrent des animaux entassés à des densités extrêmes avec un espace de « vie » d’à peine plus grand qu’une feuille A5 par lapin (soit environ 15 cm x 21 cm).
Sur les images prises par l’association, on y voit des lapins aux pattes blessées par le sol grillagé des cages, ainsi que des lapins morts au milieu des vivants.
Un cahier a également été découvert sur place. L’éleveur y inscrit un bilan pour chaque lot de lapins. Par exemple, on relève que 500 lapines sont inséminées pour 420 mises bas effectives. 3.700 lapereaux sont gardés et plus de 200 lapereaux sont éliminés (généralement assommés sur le bord d’une caisse).
Sébastien Arsac (directeur des enquêtes L214), nous explique comment cette enquête a été menée
"Une personne qui avait connaissance de cet élevage nous a alertés". Le bâtiment est totalement clos et ne possède aucune fenêtre. C’est l’enfer pour ces animaux. Au bout de deux mois et demi, les lapins sont envoyés à l’abattoir. Ils ne voient jamais la lumière du jour. Ils vivent dans des cages au sol grillagés qui leur blesse les pattes. Il y a presque un quart des lapins (soit 22%) qui meurent avant même l’âge d’abattage.
25.000 lapereaux sortent des cet élevage chaque année. Au moment des naissances, lorsqu’il y a trop de lapereaux qui sont nés, l’éleveur fait un tri et les assomme au bord d’une caisse.
L’élevage de lapin est la filière où l’on donne le plus d’antibiotiques parmi toutes les filières d’élevage.
- Sébastien Arsac, directeur des enquêtes L214
30 millions de lapins sont tués chaque année dans les abattoirs
En France, 30 millions de lapins sont tués chaque année dans les abattoirs. C’est plus que le nombre de cochons (24 millions) et de bovins réunis (4,6 millions). La mortalité dans les élevages de lapins est de 22 % : plus de 8 millions de lapereaux meurent ainsi avant d'atteindre l'âge d’être abattus. Plus de 99 % des élevages cunicoles détiennent les lapins en cage, et aucune réglementation n’encadre spécifiquement cette activité. De tous les animaux d’élevage, les lapins sont de loin les plus gros consommateurs d’antibiotiques.Attention, certaines images sont susceptibles d'heurter la sensibilité de certains
Pour Gilbert Mouthon, professeur des écoles vétérinaires, les lapins ne sont pas adaptés à ces élevages industriels. "On est obligés de les traiter avec des médicaments, des antibiotiques, des aliments de complément et des substances parasiticides afin que les bêtes subsistent dans ces conditions d’élevage."Il faut aussi savoir que des hormones sont utilisées chez les lapines afin de synchroniser les chaleurs des lapereaux. Il est même utilisé des pesticides afin de maintenir un certain niveau sanitaire des cages et des bâtiments. Les lapins reçoivent trois fois plus d’antibiotiques que les porcs car ils sont plus sensibles et ne supportent pas l’élevage industriel. Donc on est obligé de complémenter en permanence afin qu’ils survivent.
La Fondation Assistance aux Animaux étudie la possibilité de suppression de ces élevages. 30.000.000 de lapins sont abattus dans les élevages de lapin en France et les réglementations européennes ne sont pas toujours respectées.C’est une espèce qui est très fragile.
- Gilbert Mouthon, professeur des écoles vétérinaires
La production en Poitou-Charentes
Le département des Deux-Sèvres et le troisième département français producteur de lapin. Il se place juste derrière ses voisins du Maine-et-Loire et surtout de la Vendée, leader incontesté de la production cunicole française.En France, 90% de la production était destinée a marché national. Mais le marché français connaît recul. En 2017 les Français mangeaient en moyenne 590 g de lapin, soit 10 % de moins qu'en 2016. Cela représente moins de 1 % de la consommation de viande par habitant.
Dans les Deux-Sèvres, il existe 92 élevages intensifs. Ce que l’on appelle la « production rationnelle », en opposition à la production dite familiale.
Le Poitou-Charentes reste de la première zone d'abattage de lapin en France, ce qui représente une économie cunicole qui pèse dans l’économie de notre ancienne région.