Pas-de-Jeu souffre du passage incessant des poids lourds. La commune des Deux-Sèvres n’est pas adaptée aux passage des camions, et l’arrêté de la mairie interdisant leur circulation a été suspendu en juillet par le tribunal administratif de Poitiers.
Depuis le 1er juillet, les poids lourds circulent à nouveau sans arrêté d'interdiction dans la commune de Pas-de-Jeu près de Thouars, au grand désarroi de ses habitants et de la maire de la commune. Maryline Gelée avait pourtant mis tout en œuvre pour éviter à ses habitants de subir le passage de ces camions.
Début juin, elle prend un arrêté, interdisant la circulation des engins de plus de 3.5 tonnes dans la ville. La mesure a été suspendue un mois plus tard par le tribunal administratif de Poitiers. L'audience, devant la cour d'appel de Bordeaux, est prévue le 17 août 2022.
Carte. Pas-De-Jeu
Malgré l'interdiction, beaucoup de camions continuaient d'utiliser cet axe routier, tandis que d'autres étaient déviés dans des communes avoisinantes. Parmi lesquelles, se trouve le village de Saint-Jouin de Marne, où le maire estime que « la meilleure solution serait de se mettre autour d’une table et aider les camions. Il faut bien qu’ils passent quelque part, on ne peut pas juste décider de fermer les accès ».
Madame le préfet considère que cet arrêté a des conséquences disproportionnées pour un certain nombre de transporteurs
Marie Antoinette Dain, conseillère municipale
En attendant, la circulation est toujours très dense à Pas-de-Jeu. Dès 5h du matin, près de 1 000 camions défilent dans les rues où ils ne peuvent même pas se croiser. Les façades sont abîmées et les habitants ont même dû improviser pour sauver leur boîte aux lettres, elles sont désormais encastrées dans le mur.
Il reste difficile de trouver un endroit au calme pour parler dehors. Rapidement, il faut élever le niveau sonore pour s'entendre par-dessus le bruit des camions.
Gisèle Gavend vit à Pas-de-Jeu depuis 32 ans, elle a toujours connu les camions. " Avant, ils se garaient tous ici, pour aller au restaurant en bas de la rue. Mais ils roulaient beaucoup moins vite. Et pour emmener les enfants à l'école, on se mettait en file-indienne". Aujourd'hui, la maison de Gisèle Gavend est protégée par des plots en plastique. Des tuiles détruites sont la preuve d'un accrochage avec un poids lourd passé trop près de sa maison.
Plusieurs aménagements ont été effectués dans la commune : de nouveaux panneaux de circulations, trop souvent pliés par les poids lourds et des plots pour délimiter le passage de camions, " nous avons été obligés d'en mettre car les camions empiétaient sur le macadam". Le 1er juillet, c'est la préfecture qui demande la suspension de cet arrêté, sur fond de doute vis-à-vis du préjudice subi par les transporteurs. Elle dénonce également l'atteinte à la liberté de circuler. Pour Marie-Antoinette Dain, conseillère municipale de Pas-de-Jeu à la retraite, la commune est victime du désintérêt de la politique départementale. " C'est un dossier qui n'intéresse personne. On sacrifie purement et simplement les personnes qui vivent ici".
L'arrêté est actuellement suspendu, en attente de jugement. Le décision tombera dans un délai de 4 à 6 mois. Deux issues sont possibles, soit l'arrêté est supprimé, soit il est définitivement maintenu.
Reportage de Floriane Padoan et Florent Motey