La mère du bébé retrouvé dans le coffre d'une voiture fin octobre a livré sa version des faits dimanche sur TF1, assurant que l'enfant n'avait pas vécu là pendant presque deux ans et admettant s'être "enfermée" dans le mensonge sur cette fillette cachée depuis sa naissance.
La découverte de l'enfant, sale, nue, déshydratée et en carence manifeste de soins, le 25 octobre dernier dans le coffre d'une voiture que sa mère déposait chez un garagiste en Dordogne, avait suscité l'émoi en France et soulevé de nombreuses questions sur cette dissimulation exceptionnelle.
Dans un entretien diffusé dans l'émission Sept à Huit, la mère, Rose, âgée de 45 ans, explique comment elle a donné naissance, seule, chez elle, le 24 novembre 2011 à l'aube, à une petite fille à laquelle elle a donné le prénom de Serena.
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"Tout le monde dormait, j'ai mis ma petite fille au monde, je lui ai coupé le cordon, je l'ai prise dans mes bras", raconté la mère de trois enfants, âgés de quatre, neuf et dix ans. "Après je l'ai posée, j'ai fait mon train-train. J'ai fait lever mes petits, je les ai préparés pour aller à l'école, comme si de rien n'était. Pour moi ce n'était pas un bébé qui venait de naître", a-t-elle poursuivi
.
La mère de famille, qui vivait à Brignac, un petit village de Corrèze, avec son compagnon, un maçon de 40 ans d'origine portugaise comme elle, assure s'être trouvée dans l'incapacité d'évoquer cette naissance autour d'elle.
Selon sa soeur aînée, interrogée dans l'émission, la mère avait fait un déni de grossesse il y a neuf ans pour son deuxième enfant : elle ne s'était rendue compte qu'elle était enceinte que lors de l'arrivée de l'enfant survenue en plein déjeuner de famille. Une thèse du déni de grossesse déjà évoquée par son avocate après la découverte de Serena."Je n'ai pas pu en parler. Le jour de l'accouchement je n'ai rien dit à personne le lendemain non plus, le troisième jour non plus : je me suis enfermée dans un mensonge, un gouffre...".
"Elle n'était pas cachée"
Mise en examen pour "privation de soins par ascendant, violence habituelle sur mineur et dissimulation" et placée sous contrôle judiciaire, comme son compagnon, la mère assure que le bébé ne vivait pas dans le coffre de la voiture depuis sa naissance."C'est un bébé qui a vécu dans ma maison, dans une pièce où personne n'allait. N'importe qui aurait pu la trouver, elle n'était pas cachée", a-t-elle expliqué, précisant que la fillette "ne pleurait pas, ne faisait pas de bruit".
Les mains jointes posées sur ses cuisses par moment tremblantes, elle a raconté sa double vie : "Je me levais avant tout le monde, je préparais le biberon, je descendais lui donner, je restais avec elle un petit peu. Je remontais, je m'occupais des trois enfants. Le soir quand tout le monde dormait je me couchais à côté d'elle, je lui parlais, je mettais de la musique, elle avait des câlins, je lui disais que je l'aimais, j'essayais de jouer avec elle, on avait une relation particulière". "Pour moi, je ne l'ai jamais maltraitée, je ne pouvais pas m'en occuper comme je me suis occupée de mes trois premiers enfants, mais j'ai essayé de la maintenir en vie".
Rose dit "mériter une punition et l'accepter", et assure que la découverte de l'enfant a été une délivrance. "Il fallait que je trouve une solution pour que je me sorte de ce cauchemar (...) je savais, quand j'ai emmené la petite au garage, que j'allais être poursuivie".
De son côté, l'avocate de son compagnon, Me Lyliane Picard, évoque un homme "absourdi", ayant "découvert cette situation en même temps que tout le monde". La fillette, souffrant de retards importants de poids, de taille, psychomoteurs, "commence à s'extérioriser", "évolue bien et rapidement, fait des sourires", indiquent par ailleurs deux médecins de l'hôpital de Brive où elle a été admise.