Plutôt que de verbaliser les infractions légères, la Préfecture du Nord a proposé aux contrevenants des stages de sensibilisations sur les risques encourus par les agents en exercice de la DIR sur les bords des routes.
Deux motards escortent une voiture vers une aire de repos de l'autoroute A23 entre Lille et Valenciennes. Le conducteur vient de rouler en excès de vitesse : 109 km/h constatés sur une portion en travaux limitée à 90 km/h. Une fois garé, un policier s'adresse à lui : " Vous avez le choix entre une verbalisation ou un petit stage de sensibilisation avec un agent de la DIR qui vous montre les dangers d'une conduite en excès de vitesse sur une zone en travaux."
C'est la particularité du dispositif présenté aujourd'hui sous l'égide de la Préfecture du Nord, de la Direction Interdépartementale des Routes et du parquet de Valenciennes : de la sensibilisation plutôt que de la répression pour les infractions légères.
Vous avez le choix entre une verbalisation ou un petit stage de sensibilisation avec un agent de la DIR qui vous montre les dangers d'une conduite en excès de vitesse sur une zone en travaux."
Un motard de la Police Nationale
Le contrevenant opte pour ce stage, il est donc conduit sous une tente. Un agent de la DIR prend la parole et lui parle de l'inquiétude qu'il éprouve lors d'interventions, de l'irresponsabilité de certains conducteurs, tout en lui présentant un montage de témoignages de ces collègues. Certains agents victimes d'accident évoquent avec effroi des situations vécues : leur véhicule percuté en pleine intervention avec un impact qui les projette sur plusieurs mètres.
L'automobiliste chausse alors sur ses yeux un casque. Ce dispositif immersif le plonge dans le quotidien d'un agent. Sur le bord de la route, à proximité de véhicules roulant à 130 km/h. Le résultat est saisissant. Le contrevenant, surpris, fait un pas en arrière. Cet automobiliste d'une quarantaine d'années explique "C’est flippant, on ne sent pas compte au volant, on est dans notre zone de confort ! Mais ces agents sur le bord de la route encourent des risques, cela fait réfléchir."
De la pédagogie plutôt que de la répression
De quoi satisfaire le personnel de la DIR. "Si cela fait évoluer les comportements et marque les automobilistes, alors nous avons atteint notre objectif" explique Sylvie Boitel, responsable du district Amiens-Valenciennes de la DIR. Un agent ayant subi un accident témoigne :
" En novembre dernier, nous étions en intervention en ayant neutralisé une voie.
Malgré la signalisation un conducteur est quand même passé et a percuté notre véhicule, peut-être un moment d'inattention".
L'inattention des conducteurs, un véritable fléau, un phénomène accentué par l'usage des téléphones au volant. " Nous le voyons du bord de la route, certains usagers manipulent leur téléphone, parfois, ils regardent même la télévision en conduisant ! Un jour il y a eu un accident à cause de cela ! "
Le Préfet du Nord, Bertrand Gaume, présent pour observer ce dispositif, explique : "Il faut diminuer sa vitesse et garder ses distances sur des zones d'accident. Quand on est sur la voie d'en face au volant, il ne faut surtout pas filmer ou prendre des photos."
La Préfecture du Nord espère une diminution du nombre d'accidents cette année. En 2024, 69 personnes ont perdu la vie sur les routes du Nord, soit 17 de moins qu'en 2023.