Bergerac ne veut plus s'occuper des tombes délaissées par les familles

La Toussaint est parfois la seule occasion d'entretenir les tombes familiales. À Bergerac, la municipalité rappelle aux familles leur devoir d'entretien des tombes, et menace en dernier recours de récupérer les concessions délaissées

Les textes sont clairs : Ne pas nettoyer une tombe, c'est prendre le risque que la commune la déclare en état d'abandon et la reprenne. Qu'ils le fassent eux-mêmes ou qu'ils délèguent à une entreprise, les propriétaires ou ayants-droits d’une concession sont tenus de maintenir le lieu propre et en bon état, tant pour la pierre tombale elle-même que pour la maçonnerie, les sculptures, les éventuelles plantes et les alentours immédiats.

Familles éloignées

Une tâche dont s'acquittaient traditionnellement les membres de la famille restés proches des tombes de leurs défunts. Mais aujourd'hui l'éloignement des familles conduit parfois au délaissement ou à l'abandon des sépultures. 

Cimetières plus verts, mais plus exigeants

Le délabrement est d'autant plus rapide que désormais l'usage des pesticides est proscrit. À Bergerac, les 11 hectares de cimetières communaux sont "passés au vert" et leurs allées sont engazonnées depuis 2017. Là où, à l'occasion, une pulvérisation communale saisonnière suffisait à faire place nette pour quelques mois, y compris à l'occasion sur une tombe délaissée, il faut désormais beaucoup de temps et de la main-d'œuvre pour obtenir le même résultat.

Quand on était en mode "phyto" on passait tous les trois mois et avec ça on était tranquille. Tandis que là, en pleine saison, on repasse tous les quinze jours, c'est plus le même travail !

Bernard Ojeda, Gardien de cimetière à Bergerac

Or si la municipalité se charge des allées et des parties publiques du cimetière, ce n'est pas son rôle de se substituer à des propriétaires négligents au détriment des finances publiques pour l'entretien de leurs propriété. Le petit coup de débroussailleuse supplémentaire sur la tombe délaissée n'est plus possible. Il présentait en outre l'inconvénient de "masquer" l'abandon de la sépulture par la famille.

Nul n'est censé ignorer le règlement

À Bergerac, à l'approche de la Toussaint, on rappelle donc aux concessionnaires leurs devoirs civiques en les incitant à entretenir, ou faire entretenir leurs propriétés familiales en vertu de l'article 44 du règlement intérieur des cimetières de la commune. Tout en "respectant la tranquillité et l'ordre public", et sans nuire aux concessions voisines, ça va de soi. Pas question de débarquer avec un groupe électrogène pour brancher son nettoyeur haute-pression.

Le reportage sur place France 3 Périgords - Bertrand Lasseguette & Anne-Laure Meyrignac

3 000 concessions sur la sellette ?

À défaut d'entretien, une procédure sera lancée pour retrouver et solliciter les propriétaires et, le cas échéant, pour procéder à la reprise des tombes. Une nécessité alors que les cimetières de la ville ne sont plus qu'à deux année de la saturation. 3 000 sépultures sont potentiellement concernées.

Et la ville d'ajouter que les familles doivent également penser à enlever les chrysanthèmes de Toussaint après la floraison d'ici la fin de l'année... Nettoyer devant sa tombe, c'est une question de respect