Romain Thiery, né à Bergerac, est un photographe obsédé par la musique et le temps qui passe. Il immortalise les pianos abandonnés dans les demeures désertées, majestueuses dépouilles d'un temps révolu. Son travail est internationalement reconnu, il vient d'ouvrir une galerie d'artiste à Bergerac.
Il s’expose avec succès dans le monde entier, aux USA, au Japon, en Inde, en Suisse, en Allemagne ou salle Gaveau à Paris. Romain Thiery, 36 ans, né à Bergerac, est un photographe bien particulier. Amateur d'urbex, exploration urbaine de lieux abandonnés, il s'est fait une spécialité de saisir des pianos figés par le temps et l'abandon.
Urbex et impromptu
Tout a commencé en 2008, lorsqu'il tombe sur un piano trouvé par hasard dans une maison cossue de Dordogne. Une découverte qui ne pouvait le laisser indifférent, lui qui joue du piano depuis l'âge de six ans. "Cette photographie-là est la plus importante pour moi, parce que c'est le premier piano que j'ai découvert, à Périgueux exactement" explique le photographe." Il y a eu plein de sentiments différents, de l'émotion, surtout de l'étonnement de se dire, mais comment on peut laisser un piano derrière soi ?"
Décalage
Des sentiments qu'il cherche à revivre à chaque nouvelle découverte, comme ce jour-là, en découvrant ce piano près d'un buffet encore garni de sa vaisselle d'apparat, dans cette maison en ruine.
Là, il est dans le salon. Il devait être vraiment l'élément principal de la maison... J'ose imaginer que les gens ont dû passer de bons moments autour de ce piano.
Romain Thierry
Notes inaltérables
Ce qui interpelle dans chacun de ses clichés, c'est la transformation que le temps impose à l'objet. Que subsiste-t-il de ce vecteur de fête, de convivialité, de culture, lorsque l'homme a disparu ? "Pour moi, c'est un peu l'instrument roi. Les gens ne sont pas habitués à le voir de cette façon-là, couvert de poussière, délabré, où des choses s'effondrent autour de lui...", commente le photographe. "Tout peut se délabrer autour, mais finalement, il est toujours là, toujours présent, donc la musique aussi."
À voir partout dans le monde, et à Bergerac
Depuis sa première découverte, Romain Thierry a saisi environ 150 de ces instruments abandonnés à travers le monde. Des pépites qu'il déniche grâce à un vivier international d'informateurs sur les réseaux sociaux. Les Bergeracois peuvent désormais apprécier son travail et même l'acheter dans la galerie-atelier que l'artiste vient d'investir, 30 rue Saint James à Bergerac, un lieu ouvert du mercredi au samedi, de 14h à 18h.