Entretien avec Eric Chadourne, président de la Fédération des vins de Bergerac et Duras.
Malgré la réouverture annoncée des restaurants, bars et cafés dès le 2 Juin en zone verte, la profession viticole, intimement liée au tourisme est inquiète.
L’épidémie de Covid 19, Eric Chadourne voudrait bien la chasser de son esprit. Son vœu le plus cher aujourd’hui : « revoir des touristes dans nos vignes et dans les restaurants de notre région pour relancer la viticulture et la vente de vins après 2 mois sans visiteur ».
Joint par téléphone, le viticulteur basé en vignoble Pécharmant est inquiet. Du haut de son coteau, il ne voit pas grand monde à l’horizon : « nous avons une date, le 2 Juin. Mais sous réserve qu’une alerte épidémique stoppe tout d’ici là. C’est très fragile, très anxiogène. Or, nos ventes dépendent beaucoup de l’oenotourisme. »
Vente directe nulle, cavistes gravement impactés et... roue de secours
La clientèle perdue en Mars et Avril ne se rattrapera pas. « Ceux qui ont souffert sont les petits propriétaires et les cavistes notamment » ajoute Eric Chadourne. Les visites, fréquentes au printemps, n’ont pas eu lieu. « Le manque à gagner est énorme pour tout le monde, poursuit le président de la FVBD. Seule la grande distribution, qui a pu rester ouverte pendant cette crise sanitaire nous a permis de vendre du stock. Cela a été notre roue de secours."Distillation en projet, baisse de la TVA
Les ventes de ce début d'année sont en berne et les vendanges futures annoncent du stock trop important. « Il va falloir le gérer. Nous avons entendu parler de distillation de stocks de vin pour le détruire. D’abord, ce ne sera pas obligatoire. Ensuite, ce sera à la marge » précise le président des vignerons bergeracois qui ajoute « si on doit distiller, ce sera plutôt une catégorie de vins de qualité moindre comme des rosés ou certains blancs.Les rouges seront moins impactés chez nous. De plus, le ministère de l’Agriculture prévoit des aides financières au stockage des surplus. C’est en cours de discussion avec les deux ministres de l’Agriculture et de l’Economie et des Finances publiques. »
Des aides bienvenues et un vœu : « nous tentons de convaincre Bercy, suite à cette crise sans précédent, de faire baisser la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 20% à 5,5%. Je rappelle que Bruno Lemaire a été ministre de l'Agriculture, il est donc à l'écoute de nos préoccupations".