Des viticulteurs bergeracois plantent des haies pour la renaissance de la biodiversité

Le plan de relance du gouvernement d'après crise sanitaire du Covid-19 va bientôt prendre le relais financier de la Région, notamment dans le programme "Plantons des haies". Illustration dans le vignoble de Bergerac en Dordogne. 

Dans ce domaine viticole biologique de Razac-de Saussignac en Dordogne, les élèves du lycée agricole de Monbazillac ont été appelés en renfort. Ils plantent en alternance arbres et buissons, le tout recouvert de trente centimètres de paille.

Alexandre Brochet est technicien agroforestier pour l'Association Prom'Haies. Il explique l'avantage de ce paillage naturel qui, en se décomposant, amendera également le sol.

Le paillage va servir à garder l’humidité et à limiter la pousse d’herbes pendant les trois, quatre premières années de la pousse des végétaux champêtres qui constituent la haie. 

Un coup de pouce pour les 477 plants qui constitueront une haie de 265 m de long et qui formeront un corridor vert entre le bois attenant au champ et les pieds de vignes. Vingt essences différentes ont été choisies, certaines fruitières comme le prunier, le poirier ou le pommier. Pour le propriétaire, Thierry Daulhiac, il s'agit d'abord d'encourager la biodiversité et corriger les effets néfastes de la monoculture.  

Sur le plan économique, on a aussi besoin de vivre. Mais on a eu tendance à tout araser, à croire qu’on était plus fort que tout le monde mais on peut avoir des problèmes de parasites et d’insectes...Plus on va ramener d’éléments variés au sein de notre vigne, plus on va casser ce cycle des parasites et plus ça va nous aider à limiter nos traitements.

Les animaux qu'on appelle "auxiliaires de cultures", les pollinisateurs, les prédateurs de ravageurs, seront également attirés. 

Cercle vertueux

La haie champêtre présente d'autres avantages écologiques. Elle améliore la qualité et l’infiltration de l’eau dans le sol. Elle stocke du carbone. Bref, elle enclenche un cercle vertueux. C'est l'objectif du gouvernement et de son programme "Plantons des haies".

50 millions d'euros d'aides seront distribuées dans l'hexagone sur deux ans. La région Nouvelle-Aquitaine disposera de 7 millions d'euros pour voir les haies grandir dans le paysage du sud-ouest.

Des sommes intégrées aux 100 milliards d’euros du plan de relance exceptionnel mis en place par le gouvernement face à la pandémie de Covid-19 et à la crise économique qu'elle provoque.
En soutenant ainsi les agriculteurs, l'Etat espère rétablir 7 000 km de haies en France d'ici 2022. Les montants des accompagnements à ces plantations seront fixés prochainement.

#OnePlanetSummit Les haies en bordure de champs, un outil clé de la #biodiversité. ? La mesure "Plantons des haies" du plan #FranceRelance, c'est 50 M€ pour planter 7 000 km de haies en 2 ans ?https://t.co/gzPX9rJEKs

— Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation (@Agri_Gouv) January 11, 2021

Les agriculteurs périgourdins ont d'abord reçu le soutien financier de la Région Nouvelle-Aquitaine à travers l’appel à projet « Infrastructures agro-écologique » à hauteur de 70% des dépenses.

C'est le cas de Thierry Daulhiac. Ce viticulteur biologique espère, à terme, en retirer une autre source de revenus, en vendant la récolte des arbres fruitiers de sa haie.

Ces aides concernent un collectif de 6 agriculteurs de Dordogne (viticulteurs, maraîchers, éleveurs) tous adhérents de l’association AgrobioPérigord qui coordonne le projet. L’objectif cet hiver est la plantation de près de 2 kilomètres de haie champêtre et 170 arbres isolés sur les 6 exploitations.

Yasuko Jacquemin, elle, a fait le choix de planter des haies d'arbres et de buissons au plus près des vignes, en 2018. D'origine japonaise, cette viticultrice en vin biologique constate les premiers effets. Elle a noté le retour des oiseaux et abeilles. De plus, les arbres et arbustes protègent sa vigne des embruns d'un voisin qui traite de façon conventionnelle. Les végétaux protecteurs apportent aussi un ombrage appréciable aux grappes de raisin : 

Ça sèche moins. Donc il y a moins de sucre, moins d’alcool.

 Thierry Daulhiac veut maintenant se donner le temps d'observer les avantages des différentes espèces d'arbres et arbustes qu'il a choisies. Il sélectionnera, ensuite, les plus efficaces pour protéger et embellir durablement son vignoble.