François Waroux a été espion. Ou plutôt Officier Traitant, comme il préfère se définir. Des années de carrière à servir son pays sous couverture, dans des situations parfois dangereuses. Aujourd'hui retraité en Périgord, il se livre au grand jour.
En voyant ce calme retraité jouer du piano dans son modeste maison de Mareuil-en-Périgord, personne n'imaginerait la vie qu'il a mené. Ce n'était pourtant pas celle de Monsieur Tout le Monde, loin de là. Ce serait plutôt une vie de roman, et même de film d'action. François Waroux a été Officier Traitant du Gouvernement Français pendant 18 ans. "Officier Traitant", le titre officiel que le grand public traduit vulgairement par "espion".
Générations de militaires
Ce fils, petit-fils et arrière-petit-fils de militaire, est devenu militaire lui-même après avoir fait Saint-Cyr. Mais en 1977, il a quitté l'uniforme pour la tenue, bien plus anonyme, d'officier de renseignement au service du SDEC. Le SDEC, aujourd'hui remplacé par la DGSE, était à l'époque le service de renseignement français.
Salade mortelle, le goût de l'aventure
C'est le goût du changement et de l'aventure qui l'a poussé à quitter la routine militaire pour cette vie plus aventureuse. Les Renseignements, c'était l'assurance de cette aventure-là, de pouvoir travailler dans l'illégalité, mais avec la caution de l'État, celle de "transgresser" et de courir des risques en toute impunité, mais pas sans danger. Il raconte ainsi qu'un jour en Éthiopie, à l'heure du repas, on lui a proposé une salade. Doutant de la moralité de son généreux donateur, il a offert sa salade à un lapin... qui en est mort.
Loin des clichés
Au niveau des émotions fortes, sa carrière l'a comblé. Filatures, infiltration sous couverture, dissimulation d'identité, manipulations, chantages, tromperies, vols, compromissions, pièges, François Waroux a tout expérimenté, en connaissance de cause... Une vie aventureuse, bien loin des personnages romanesques glorifiés par Ian Fleming. Un des livres de François Waroux s'intitule d'ailleurs : "James Bond n'existe pas". Avec, en sous-titre "Mémoires d'un officier traitant", le nom consacré dans le milieu, où l'on ne parle jamais d'espion.
Si on a des points de scrupule ou de moralité, on n'entre pas dans cette crèmerie !
François Waroux
Oublier sa morale
Cette vie qu'il décrit sans fards dans ses livres. C'est aussi la moralité qu'il faut oublier pour servir son pays, l'obligation de côtoyer les personnages les plus troubles pour le renseignement politique, des dictateurs, des extrémistes. C'est partir en Éthiopie, en Tunisie, au Sénégal, au Pakistan ou aux États-Unis. C'est se faire passer pour un autre, mentir, inventer, jouer les employés d'ambassade, se protéger par l'immunité diplomatique, ou jouer sous couverture.
Espionnage utilitaire
Tout ça au service des intérêts français, mais pas toujours ceux que l'on imagine en premier lieu. Car les intérêts français, ce sont aussi ceux de nos industries, armement, aéronautique ou nucléaire.
Une autre vie
Aujourd'hui, ces années tumultueuses sont bien loin. François Waroux a quitté le renseignement en 1995, s'est sagement fait oublier en continuant à dissimuler ses activités à tous, même à ses proches. Il fut un temps maire de Connezac, et n'a livré ses mémoires au public, à travers deux ouvrages, que récemment. Il y a trouvé sa récompense, celle d'inspirer de jeunes générations qui ont pris contact avec lui après avoir lu ses livres.